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La terre cuite et l'environnement |
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Patrick Martin (Betrec), ingénieur économiste |
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La terre cuite est un matériau de construction traditionnel dans certaines régions françaises et en Europe du Sud. Elle est simple d'emploi, économique et capable de s'adapter avec souplesse à des conditions d'usage très variées. Au fil du temps, ce matériau réputé porteur s'est transformé essentiellement en matériau de remplissage, notamment pour les parois verticales entre une ossature porteuse en béton. Nous allons nous concentrer sur ce qu'il apporte aujourd'hui à la qualité environnementale, au sens moderne du terme, à travers les nouveaux produits qui interviennent dans la composition des murs et plus particulièrement les murs porteurs massifs en « bio brique » dont nous allons examiner les caractéristiques techniques et environnementales. Qualité et caractéristique des murs porteurs massifs en bio brique Les murs porteurs massifs en bio brique sont construits avec de la terre cuite et de l'air. Ils offrent une isolation saine et durable, et sont totalement respectueux de l'environnement en ouvre et en fin de vie ; comme nous le verrons plus loin, la brique est un matériau respirant qui se suffit à lui-même par opposition au béton qui nécessite des coffrages, des apports d'isolants comportant souvent du CFC ou des HCFC, de l'huile de décoffrage et des corrections de ponts thermiques. Le fait que la bio brique se suffise à elle-même permet immédiatement de constater que ce matériau génère une économie de moyens et contribue à la préservation des ressources de toutes sortes avec en bout de chaîne aucun besoin de retraitement de déchets. Le bio mur T est l'ancien Cémabloc. Ce produit se développe de plus en plus sous des formes adaptées aux besoins. Les bio murs brique R 37 et R 30 (en épaisseur de 37 ou 30 cm) sont des produits performants sur le plan thermique : ils se montent à joints secs et peuvent être utilisés pour des murs extérieurs. En association avec des abouts de 10 cm et un isolant spécifique, ils permettent la pose des dalles sur les murs extérieurs tout en réduisant de 80 % les déperditions par pont thermique, ce qui va tout à fait dans le sens de la RT 2000. Ils constituent également un bon isolant acoustique avec un affaiblissement aux bruits de route de 50 dBA. Quant au bio mur brique R 20, porteur simple utilisé à l'intérieur, il est complété par un certain nombre d'accessoires qui sont eux-mêmes intéressants. La brique est un produit totalement recyclable. Elle peut être totalement revalorisée en fin de vie sous forme de remblai et est totalement neutre pour l'environnement, ne rejetant notamment aucun produit polluant dans l'atmosphère en cours de vie. Ce produit est sain, tout comme l'ambiance qu'il génère. Ce produit représente un bon régulateur d'hygrométrie. Même dans des atmosphères très humides, la migration d'eau reste aisée et ne le détériore pas. Ce produit joue également un rôle de régulateur thermique. Son inertie est très favorable au confort d'été et d'hiver. C'est donc un produit qui contribue à une éco construction simple. Mise en ouvre En ce qui concerne la mise en ouvre, la solution brique offre au personnel de pose un poids de matériaux et de mortier beaucoup moins important à manipuler que la solution agglo ou béton. C'est donc un produit dont l'ergonomie et la composition sont favorables à la santé des compagnons. Est-ce pour autant le produit miracle? Non, car il est limité en capacité portante, mais pour les bâtiments allant jusqu'au R + 4, il est parfaitement utilisable, même en zone sismique. Au-delà, une solution mixte peut être envisagée avec des murs porteurs en béton et de la brique en remplissage de façades non porteuses. En résumé de ce bref exposé, nous pouvons dire que la brique est un matériau sain qui ne dégage aucun produit durant sa mise en ouvre et est totalement recyclable. Il permet également des performances thermiques, hygrométriques, acoustiques qui sont très appréciables. Sa manutention et sa mise en ouvre sont également faciles. À la suite de ce constat, la comparaison avec le béton ne souffre pas de médiocrité. À mon sens, et je n'engage ici que ma responsabilité : sur le plan environnemental, le béton ordinaire utilisé avec un isolant intérieur ne soutient pas la comparaison avec la terre cuite. Seul le béton haute performance reste qualifié dans cette compétition pour autant qu'on lui ait associé un isolant intérieur performant et de ruptures de ponts thermiques efficaces. Pour ma part, je pense que la promotion de l'utilisation de la brique est un vecteur de développement durable très important dans notre pays où la notion de construction en dur est culturellement très ancienne et très ancrée. Je suis extrêmement inquiet de la course à la non-qualité d'entreprises « immatures sur le plan environnemental » et « inconscientes », qui recherchent des économies primaires dans une inculture totale de ce que le béton peut apporter comme nuisances à l'environnement. Aussi je propose de n'utiliser pour des parois extérieures maçonnées que du BHP (à défaut du B40 qui est proche du BHP) ou de la terre cuite. DébatDans la salle Sans prendre parti pour le béton ou la brique, on ne peut pas faire l'impasse sur l'éco-bilan de l'un et l'autre. Cela compte en termes de développement durable. Une autre personne dans la salle Vous évoquez la place de la brique dans les pays du Sud. Il faut préciser pourtant que l'Italie, deux moins peuplée que la France, est deux fois plus consommatrice de béton qu'elle. D'autre part, on peut se demander si, en termes d'éco bilan, un bloc de béton ne reste pas comparable à la brique traditionnelle. Car dans un bloc aggloméré de béton, il y a seulement 6 % de ciment, l'unique matière à passer au four, alors que la brique y passe à 100 %. Patrick Martin Il est vrai que la consommation de gaz est importante dans un four. Il faudrait prendre en compte tout le cycle de vie. Robert Aïello, projet « Villa urbaine durable » à Creil Je ferai trois remarques. D'abord, vous avez considéré le béton coulé en place sur chantier alors que pour construire en France des bâtiments de l'ordre de trois niveaux, on utilise des blocs agglomérés fabriqués en usine. Il faut donc comparer ce qui est comparable. D'autre part, il y a une culture qui vient de l'entreprise. Elle est du décimètre chez le maçon et du millimètre pour ceux qui sont en mesure de poser des systèmes comme le bio mur brique. Leur emploi change donc profondément la culture des maçons qui vont les mettre en oeuvre. On se heurte au même problème qu'avec le béton cellulaire. Dans la technique des joints collés, j'ai vu des choses admirables et d'autres bien pires que le mur en parpaings. Enfin, l'aspect économique compte... Par ailleurs, en ce qui concerne la question de la déconstruction, le mur en parpaings béton nécessite à priori une isolation, le plus souvent par l'intérieur. Or il existe maintenant des solutions qui évitent le collage du polystyrène ou de l'isolant sur la face interne du mur, ce qui permet, lors des démolitions, de désolidariser facilement les ouvrages. Les techniques évoluent aussi. |