|
|||
Malmöe BO 01 |
|
>> accueil VUD >>accueil Voyages d'étude |
|
>> Sjolund Parken / Danemark >> Bjorkhagen / Suède >> Ekerö / Suède >> Malmoe / BO01 / Suède >> Stockholm / BO02 / Suède |
|||
>> Malmöe : une reconversion industrielle lourde |
|||
Ce compte-rendu s'appuie sur les exposés de Madame Eva Dalman, architecte d'opération, de Madame Annika Kruuse, biologiste-écologiste, de Madame Charlotte Laurell, architecte de la ville de Malmöe, de Monsieur Jan Anderson secrétaire politique de la ville de Malmöe, ainsi que sur les commentaires des quelques architectes nous ayant accompagné dans la visite de leurs opérations : Messieurs Lars Asklund, et Windgardh. Monsieur Kai Wartiainen, architecte finlandais travaillant en Suède et ayant réalisé un bâtiment à Malmöe a également été interviewé à Stockholm; Malmöe : une reconversion industrielle lourdeL'urbanisation d'une grande partie du port-ouest de Malmoe, est à analyser dans le cadre de la politique nationale suédoise et des rapports établis par la social-démocratie au niveau local des régions et des villes. De caractère très volontariste, la création ex-nihilo de Varstra Hamnen s'analyse dans le contexte d'une politique à long terme de développement économique régional. La ville industrielle de Malmöe (265 000 habitants) a concentré les effets négatifs de toutes les crises économiques et reconversions depuis les années quatre vingt : fermeture de l'industrie textile, des chantiers navals, de l'usine SAAB (automobile) en 1992 et effondrement plus récent du secteur informatique. Des problèmes de ségrégation et de paupérisation des quartiers centraux (un tiers de population musulmane et la moitié des – de 19 ans d'origine étrangère) ont conduit les élus à rechercher un nouveau positionnement de la ville et à miser sur l'impact des nouvelles infrastructures rejoignant le port de Malmöe à Copenhague au Danemark, pour la rendre plus attractive. Le pont suspendu Oresund, le plus long d'Europe, bien qu'objet de vifs débats, a été achevé en 2000 et un tunnel doit le doubler. BO01 Malmöe, banlieue résidentielle de CopenhagueLa capitale danoise qui connaît un marché du logement très actif semblait disposer d'un potentiel de demandes en logements apte à soutenir la transformation de la ville suédoise de Malmöe en une banlieue résidentielle de Copenhague. Les élus socio-démocrates à la mairie depuis 1919, (à deux exception près), en favorisant une fusion des ports de Malmöe et de Copenhague, manifestent des enjeux européens, et visent l'organisation de liens avec Hambourg et la Pologne. Ils cherchent également à développer une "medical valley", en renforçant le secteur universitaire. Un nouveau campus est en cours de réalisation sur une île face à la vielle ville industrielle par Helle Juul et Flemming Frost ; il est le résultat d'études urbaines des suisses Diener et Diener et doit favoriser la revitalisation du centre historique tout en créant de nouveaux liens entre la cité et la mer. Aussi, le programme établi pour le vaste développement de Vastra Hamnen, ancienne zone industrielle de 18 hectares, située, en bord de mer, mais près du centre ville, s'est très largement orienté sur des habitats de qualité, où l'environnement durable devient un atout pour des catégories élevées de population. La politique environnementale fait l'objet d'enjeux forts en Suède, aussi bien au niveau de l'état que des collectivités locales. Un programme d'investissement local est ainsi décidé à partir des propositions des communes. A Malmöe, celui-ci a été arrêté en 1998 et établi pour 4 ans, autour de trois enjeux majeurs :
Le gouvernement a alloué près de 28 millions d'euros pour couvrir une part des surcoûts environnementaux des promoteurs et des investissements de la ville en systèmes techniques et en infrastructures. Malmöe est la ville la plus aidée de Suède. Bo01 city of to morrow, une exposition d'habitat européenne pour appuyer le lancement d'un nouveau quartierUne exposition qui se voulait salon européen de l'habitat "Bo01, cité de demain, dans une société de l'information et du bien être, écologiquement durable", a été le support en 2001 du lancement de ce vaste projet, gouvernemental au départ. L'exposition s'était donné l'enjeu d'instaurer un débat auprès des citoyens sur leurs modes de vie et d'habitats futurs. Elle a été l'occasion de réalisations urbanistiques et architecturales fondées sur une approche environnementale, propre à chaque pays et cherchant à aborder les divers angles écologique, social, technique et de développement humain durable. Le terme anglais de "human sustainability" est plus explicite des enjeux sociaux mis en avant dans un tel développement qui, au delà des objectifs techniques, s'attachent plus particulièrement à des thèmes, tels que l'exclusion, la solitude, la ségrégation ethnique et économique. L'exposition se devait d'intégrer ces questions et de les "insuffler" dans le développement du nouveau quartier de "Västra Hamnen". Les réalisations que nous avons visitées ne semblent pas exemplaires d'une telle approche politico-sociale. En revanche, le village européen a constitué la première phase d'aménagement d'un quartier recherchant la mixité (logements, commerces et bureaux) et mettant en œuvre de nombreuses solutions techniques et écologiques, pouvant concourir à un développement plus durable. Certains pavillons étaient démonstratifs de l'efficacité de plusieurs formes d'énergies renouvelables : éolienne, solaire, pompes à chaleur et d'une recherche de la limitation des émissions de gaz carbonique. Divers pays ont exposé des maisons innovantes, représentatives de leurs modes constructifs, de leurs produits et matériaux répondant aux normes européennes de qualité et privilégiant la végétation, sous toutes ses formes. Des architectes européens de qualité se sont efforcés de créer des habitants dans un tel environnement consacrés aux piétons. Plusieurs principes sont ainsi affichés dans un "green guide" de la construction à Vastra Hamnen
Sur 1000 m², la construction des habitations se limite à 500m², pour 300 m² réservés aux espaces verts et à une circulation de l'eau et 200m² en zones semi-imperméables (graviers). Ainsi, l'ambition de combiner développement durable humain et développement écologique et technique se manifeste dans cette recherche architecturale, privilégiant la variété des projets et des solutions éco-constructives. Un programme de respect de la qualité est imposé à cet effet aux promoteurs, autour de standards affichant des performances de matériaux, d'économie d'énergie, et des buts écologiques. Le standard annuel de consommation énergétique a été fixé à moins de 105 kwh/m² . Un programme de maisons expérimentales "LB Hus and Y xhult" a même atteint 80 kwh/m² ; il est équipé de mesures et contrôles individuels de l'énergie et utilise des matériaux recyclés Une attention particulière a été portée à la dépollution du sol : 400 points ont été analysés, 3500 m3 transportés pour traitement de décontamination et une surface propre de sol d'1 m 20 d'épaisseur constituée. De nombreuses réunions préalables ont cherché à organiser un large consensus et en particulier à responsabiliser les promoteurs-constructeurs des projets. La plupart dépendent des grands groupes de construction suédois. 30 % de leurs surcoûts environnementaux leur ont été financés par l'Etat. Des résultats innovants mais des coûts de réalisation et de commercialisation élevésToutes les constructions se devaient de mettre en œuvre ces principes. Les objectifs environnementaux et écologiques ont été atteints même si la limitation de l'automobile est restée relative, pour des populations dont les revenus élevés les conduisent plutôt à disposer de deux véhicules par famille. Les promoteurs ont refusé de trop éloigner les parkings. O,7 parking par logement était prévu dans le premier projet qui passeront à 1,1 dans les opérations suivantes. Si des activités tertiaires se sont déjà implantées, les commerces manquent et les équipements collectifs (écoles) ne sont pas encore réalisés. Des critiques sont émises sur le coût trop élevé des logements, inaccessibles à la population native de Malmöe ; un nouveau programme de 1200 logements privés aux loyers plus modérés est d'ailleurs prévu dans le sud de la ville pour satisfaire les besoins locaux. Quelques exemples des prix pratiqués à Vastra Hamnen
Une grande variété architecturale dans un quartier paysagé limitant la circulation automobileLors de notre visite, 327 logements étaient réalisés sur les 500 prévus, mais seulement 200 habitants y avaient emménagé sur les 1000 attendus. Tous ont privilégié les énergies nouvelles, de larges espaces verts, et une architecture qui se veut durable. Une quinzaine d'architectes ont été choisis lors d'un concours ; on peut citer les réalisations de l'anglais Ralph Erskine, du finois Kai Wartiainen et du suédois Gert Wingardh, dont les maisons très longues forment des triplex avec des grandes terrasses. Les logements constituent près de soixante concepts d'habitats différents, et présentent une grande variété architecturale dans un tissu urbain mêlant des niveaux et des typologies différents. On a souvent le sentiment d'un "légo" de couleur ou se côtoient immeubles en verre, petites villas de plain pied aux panneaux solaires et immeubles très variés, à structures colorées. Néanmoins, un intéressant travail de perspective définit un paysage très dessiné. Un mur d'immeubles de 5 étages ferme le bord de mer, plus prétexte de dramatisation architecturale que protection climatique. Les logements plus bas se situent à l'intérieur des îlots sur des voiries dont l'aménagement est particulièrement soigné. Les trois quarts des logements disposent d'une percée sur la mer, tout en donnant une impression d'intimité. Des ponts, canaux et patios organisent des visions très paysagées avec des découvertes sur l'eau. Terrasses et jardins d'hiver s'ouvrent largement sur l'extérieur ; des toits végétalisés complètent cette vision très verte. Bien que cette partie du port présente encore des difficultés de commercialisation, la construction par Calatrava d'une tour de 190 mètres de haut, "Turning Torso" est prévue, près du village européen et adossé à la plaine de jeu écologique. Elle comprendra 140 logements et des bureaux sur 54 étages organisés en cubes. Elle est très critiquée pour son aspect esthétique, fonctionnel, pour le symbole agressif qu'elle représente et pour son coût dans une région où l'économie est loin d'avoir redémarré. A Malmöe, le pari architectural de choisir des méthodes et matériaux durables plus coûteux à la construction sera-t-il compensé par des coûts d'entretien et de maintenance moindres sur le cycle de vie des logements? Les solutions architectoniques favorisant l'économie des ressources permettent-elles une organisation rationnelle de l'espace des logements ? Ce quartier parviendra-t-il à jouer un rôle exemplaire national, voire international d'un environnement durable adapté à des zones urbaines denses tout en favorisant la réinsertion économique d'une région ? Néanmoins il est très intéressant d'examiner quels seront les effets de cette action politique radicale et volontariste, fondée sur le développement durable, sur les formes urbaines de ce quartier et plus largement sur l'aménagement du territoire de la région. ouvrage à consulter: |
|||