|
|||
Stockholm BO02 |
|
||
>> Sjolund Parken / Danemark |
|||
>> Hammerby, un ancien quartier de docks industriels |
|||
Notre visite de ce nouveau quartier en développement et construction s'est déroulée avant l'ouverture de l'exposition BoStad 02 où 9 grands groupes de construction se sont partagés la réalisation de 1 400 appartements. 8 000 logements abritant 15 000 personnes sont programmés sur cet ancien quartier de docks, récemment libéré par l'industrie, proche du centre de Stockholm, et situé en bordure de rivière. Des moyens considérables ont été consacrés à ce projet à vocation nationale, ménageant ressources et environnement. BoStad 02 a été organisé par la municipalité de Stockholm dans le même esprit d'exposition de logements contemporains que Bo01 à Malmöe, bien que sans visée internationale. Les visiteurs étaient conviés à l'exposition d'un des plus grands projets urbains suédois de ces dernières années, à l'occasion des célébrations du 750ème jubilée de Stockholm. L'enjeu était d'offrir aux visiteurs l'image d'une ville nouvelle combinant emplois, logements, services et équipements culturels, dans un contexte de protection de l'environnement. Des appartements-témoins étaient présentés à cette occasion par les commerciaux des entreprises de construction, chargées de vendre les logements. Comme à Malmöe, les instances municipales, aidées par l'état ont planifié avec force détails le développement d'un secteur, l'ont aménagé, y ont défini les grandes options environnementales et énergétiques, organisé le transport collectif puis ont confié la construction aux grandes entreprises de construction "ensemblières" qui se sont engagées à respecter, par convention, un type de construction et d'exploitation des immeubles, le nombre d'étages et le programme environnemental. C'est là un mode d'organisation des entreprises et de concertation dans la passation des marchés souvent pratiqué en Suède. C'est dans les années vingt, à partir de la construction d'une voie navigable de 5,5 mètres de profondeur rejoignant des lacs, que ce secteur calme, plutôt champêtre et de divertissement populaire se transforma. Un lac fut comblé dégageant ainsi de nouveaux terrains pour accueillir des activités liées à ce qui devint une nouvelle zone portuaire. Dans les années trente, la construction de logements fut déjà planifiée, mais non réalisée. Des entrepôts de type bidonville s'y installèrent, transformant la zone en une vaste décharge. Au début des années quarante, une zone de petites industries formant un vaste ensemble d'appentis provisoires de tôle ondulée compléta ce paysage. Dans une partie encore rurale du territoire, que la municipalité de Stockholm avait rachetée dans l'intention d'y accueillir des industries requérant une desserte par voie navigable, s'installèrent également, dès les années vingt, trois grandes compagnies : Altea (textile), Général Motors (assemblage automobile) et Luma, société coopérative électrique. Cette dernière très emblématique à Stockholm, acheta le terrain et réalisa une usine moderne et modèle d'une architecture fonctionnaliste suédoise, avec une tour vitrée, symbole visible de ce développement industriel. Ce n'est qu'après la guerre que de nombreux industriels rejoignirent ce secteur du Varta Dock qui se développa largement jusqu'au début des années quatre-vingt dix. Nombre d'entre eux quittèrent alors la zone qui se déprécia fortement, mais qui vit néanmoins l'arrivée de bureaux et activités de service (publicité, médias) tout à fait adaptés au projet municipal de développement d'un nouveau quartier d'habitation de haut niveau. L'usine de Luma abrite aujourd'hui les équipes d'aménageurs et un centre d'accueil d'entreprises de service s'y développe. L'idée d'étendre le centre ville vers Hammerby-Sjostad en mettant l'accent sur la proximité de l'eau, l'écologie et les énergies nouvelles trouva sa source dans une réflexion conduite autour d'un projet avorté de Village Olympique. Sjostad signifie "ville au bord de la mer".Les docks d'Hammerbyhamnen situés de l'autre côté de la voie d'eau connurent une première phase de développement de 1993 à 1999 avec la construction de 1 250 logements et d'une école. Mais la nouvelle phase d'expansion ne démarra qu'après les très lourds travaux de décontamination des sols, menés de 1997 à 2000 et suivis par le Département suédois de protection de l'environnement. Plusieurs plans furent établis pour développer un quartier dense, mais "ouvert et flexible".Ce projet, à long terme, bénéficie d'une excellente situation, bordé par une voie d'eau, et situé à la fois au milieu d'une zone verte -la réserve naturelle Nacka- et proche du centre, dans la prolongement naturel du quartier Södermalm.Une véritable solution globale a été mise en ouvre dans le système de transport. Des ponts et une ligne de tramway ont été spécialement crées pour desservir le nouveau quartier et un tramway le reliant au centre a été inauguré, en même temps que l'exposition. De lourds investissements ont été consacrés aux transports publics (ferries, bus et tram), afin de réduire l'usage automobile et des chemins piétonniers et cyclables ont été ménagés. Le trafic utilitaire à vocation de service s'effectue au moyen de véhicules écologiques. Un nouveau système de mise en commun et partage du stationnement est prévu et le co-voiturage encouragé.La mixité d'activités étant privilégiée, les logements en cours de réalisation seront complétés par des services, de nouvelles activités commerciales et des petites industries ; 25 000 personnes doivent à l'horizon de 2010, travailler ou habiter le quartier sur la zone. Des équipements scolaires, et culturels sont prévus ainsi que des locaux de réunion dans les plus grands ilôts d'habitation. Une maîtrise forte de l'urbanisme et de l'environnement, une architecture à vocation symbolique de modernitéComme à Malmöe, la modernité de l'architecture et sa variété (nombreux architectes et modes constructifs mobilisés) sont largement mises en avant afin d'attirer de nouvelles populations aux revenus élevés. Sont ainsi vantées : la flexibilité des logements dont de nombreux duplex, l'importance des terrasses et balcons, la qualité des vues et de la lumière ainsi que la situation près de l'eau et des espaces verts. Les immeubles les plus hauts (6 étages) sont situés en bord de rivière, à l'instar du modèle urbain de Stockholm s'efforçant de recréer l'image d'une ville flottante. Des échelles différentes marquent la conception architecturale des diverses voies cherchant à organiser des espaces plus intimes que ceux situés en bord de quai. Les bâtiments sont groupés en îlots dits "semi-ouverts" autour de vues choisies. Des organisations urbaines de type centre-ville fermé se combinent à des visions plus ouvertes, privilégiant une vue sur l'eau. Chaque entreprise s'est vue confier un îlot. Les nouvelles exigences environnementales s'accompagnent de valeurs architecturales technologiques générant des solutions architectoniques nouvelles (panneaux solaires, façades, larges vitrages). Des ouvres d'artistes accompagnent cet aménagement des espaces publics et de quelques lieux semi-privés. Cependant la visite des lieux, en août 2002, dégage encore une impression de patchwok architectural, ou le modernisme apparaît un peu caricatural, chaque entreprise "ensemblière" ayant joué de sa conception et réalisation, sans vraiment constituer un ensemble.La plupart des logements sont destinés à l'accession ; quelques uns sont réservés à la ville. Deux résidences pour personnes agées sont prévues, au centre du quartier, mais pas de logements sociaux. A titre d'exemple, un logement de 65 m² que nous avons visité, dont le niveau de prestations est élevé et la décoration sophistiquée, est vendu par le constructeur ensemblier, Sveriges Bostadsrät Centrumhaut (SBC) autour de 3 200 euros le m², prix élevé sur le marché immobilier suédois. L'aménagement de l'immeuble (marbres et ascenseurs luxueux) dénote un ciblage de clientèle de très haut niveau. Un programme environnemental qui se veut exemplaire d'un développement durable en zone denseHammerby-Sjostad est l'objet d'un programme environnemental particulièrement élaboré autour d'un mot d'ordre de développement écologique et durable. Ce programme se propose de "diviser par deux l'impact sur l'environnement en faisant deux fois mieux que les techniques de construction utilisées actuellement". Des critères écologiques de la construction très exigeants ont été affichés, à cet effet. Des programmes informatiques sur l'utilisation des matériaux, de l'énergie, et sur l'incidence sur l'air, l'eau et le sol de ces utilisations sont instaurés afin d'analyser, à tout moment, le mode d'usage des ressources et l'impact sur l'environnement. Les constructeurs sont engagés à minimiser l'usage de substances et matériaux non recyclables et ceux-ci sont analysés selon la méthode du "cycle naturel de vie". Les entreprises de construction ont ainsi développé leurs connaissances et méthodes d'analyse de ce cycle et notablement réduit leurs déchets.A partir du constat que dans le siècle, près de 80% de la population vivra dans les villes, priorité est donnée aux recherches de solutions favorisant un développement durable dans les zones urbaines de populations denses. Le nouveau quartier se veut exemplaire d'un tel développement.Le projet environnemental mobilise simultanément des méthodes et techniques variées : solutions technologiques avancées, recherches plus fondamentales dans les domaines environnementaux, méthodologie d'analyse des flux du "cycle de vie" (matériaux et énergie), redéfinition des formes de coopération et de contractualisation, modes de financements conjoints (privé, autorités locales et état).L'approche environnementale cherche à intégrer tous les aspects de la question : urbains, sociaux et techniques. Le Programme Environnemental, mis en place, définissait en 1996 des objectifs à atteindre aux deux échéances de 2005 et 2015. Une certaine flexibilité est requise afin d'intégrer les évolutions et les moyens nouveaux qui permettraient, à terme, de minimiser la consommation de ressources. Des objectifs sont fixés et concernent : le type et la consommation d'énergie, la réorganisation des transports autour de la réduction de la place de l'automobile, l'élimination et le recyclage des déchets, la réduction de la consommation de l'eau et des nuisances phoniques, la dépollution du lac, et le développement des matériaux recyclables.Le processus de planification mis en place aujourd'hui, autour de ces enjeux en est dans la première phase d'application de ce modèle environnemental et les évaluations indiquent de premiers résultats positifs et une bonne coordination des interventions. Le programme qui se veut à la fois guide de planification et support à la contractualisation mise en place, engage les contractants à examiner leurs résultats en terme de coûts et de qualité en regard des objectifs environnementaux à atteindre. Ceux-ci sont inventoriés et évalués du point de vue de leurs effets, au regard des critères d'une certification ISO 14 000.La participation de résidents à l'expérience est fortement encouragée et une pédagogie d'auto contrôle, développée autour d'un centre environnemental diffusant l'information et organisant rencontres et expositions.L'éco-cycle ou "Hammerby-model"Le quartier dispose de son propre programme environnemental autour d'un modèle de recyclage mis au point à cet effet. Le "Hammerby model" a été développé conjointement par les sociétés Stockholm Vatten (production de l'eau), Skafab (collecte des ordures) et Stockholm Energi (électricité, gaz et chauffage). Il est promu et présenté sur Internet par Birka Énergi dans de nombreux autres pays. Il constitue un système expérimental de gestion de l'énergie, de l'eau et de récupération des déchets. Il assure chauffage, conditionnement de l'air, fourniture de l'énergie, et un traitement très complexe de purification de l'eau. Il s'agit d'un système propre et intégré, dont les techniques visent à développer des solutions concourantes et efficaces sur le plan environnemental en ce qui concerne l'énergie, l'eau, les égouts et les déchets. Il se veut flexible afin d'intégrer des nouvelles techniques, au fur et à mesure de leur apparition. Le but est de développer des écocycles, réduisant autant que possible, l'apport des ressources extérieures. Les sociétés qui le développent prodiguent informations et conseils aux usagers dans le centre d'information environnemental, à vocation expérimentale et démonstrative. La visite nous a montré une très lourde machinerie.Les résidents seront fortement impliqués dans ce système et pourront suivre leur propre consommation en eau et énergie sur Internet.Quelques éléments sur les objectifs du traitement de l'eau par des moyens expérimentaux :
Quelques éléments sur les objectifs de recyclage de l'eau et des déchets:
Divers types d'énergies seront ainsi mobilisés pour satisfaire les besoins en électricité, froid et chaleur:
A plus long terme, l'usine de production de chaleur pourra également produire de l'électricité par des turbines selon un principe de co-génération. Ce projet hautement technologique, "fer de lance" de la nouvelle politique suédoise de construction, marque un tournant radical par rapport aux options traditionnelles soutenant un logement locatif municipal, destiné à satisfaire les besoins de tous les types de ménages A Stockholm, en effet, un processus de "gentrification" général accompagne, depuis quelques années, un changement de politique qui se caractérise par une appropriation des logements locatifs urbains par les classes sociales plus élevées, préalable à une revente de ce parc à leurs occupants après rénovation, entraînant une disparition du statut locatif.Ainsi ce nouveau quartier d'extension de Stockholm a été largement programmé et planifié par les autorités locales, puis développé sur les bases d'une contractualisation forte avec des entreprises "ensemblières". Les enjeux environnementaux et l'architecture de type "smart-building" qui l'accompagnent offrent une certaine cohérence et correspondent bien à la cible de clientèle visée. Les prestations élevées offertes aux acheteurs, la localisation à la fois en zone verte, au bord d'un lac et près du centre, ainsi que l'offre nouvelle de transport, font de Hammerby-Sjostad un quartier idéal pour accueillir des catégories sociales à revenus élevés ; le modèle environnemental et énergétique qui y est développé représentant un atout commercial supplémentaire. |
|||
|