Villa Urbaine durable

 

Les résultats de l'appel à proposition

(juin 2002)

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Comment développer une maison de ville plus écologique sur le territoire français ? Avec ces opérations de 20 à 60 logements, mixtes - car tant locatifs qu'en accession - et mêlant souvent maisons en bande et petits collectifs, l'objectif est de proposer un habitat ayant les qualités de l'habitat individuel et s'inscrivant dans les perspectives du développement durable.

Derrière le terme « durable », on recherche ici l'insertion urbaine - ou comment s'inscrire dans le quartier concerné, avec son passé, son présent mais aussi son futur -, une conception et une édification du logement intégrant les préoccupations environnementales d'éco-construction et d'éco-gestion, et enfin la capacité du logement à être transformable, de manière à faciliter son évolution ultérieure.

Par ailleurs, l'unité formelle que partagent en commun ces projets va de pair avec un certain décalage par rapport aux signes architecturaux que véhicule habituellement le logement social. 

En guise d'introduction, on peut faire les constatations suivantes:

  1. 1/ La construction de logements sociaux continue, mais il faut remettre en cause le « produit » pour la mauvaise image que celui-ci véhicule.
  2. 2/ Dans nombre de discours revient le thème de la mixité. Qu'entend-on par là ? Si l'on part de l'idée que le locataire HLM est un être humain, il n'y a pas d'architecture du logement social mais une architecture du logement qui a des qualités certaines à des coûts et des loyers de sortie maîtrisés. C'est pourquoi parler de consultation en ce domaine n'a de sens que si les programmes sur lesquels porte celle-ci réunissent à la fois des logements locatifs et des logements en accession.

Comment avoir une architecture du logement social qui puisse s'intégrer à la ville ? Un autre défi est de réduire la contradiction à l'ouvre chez les Français qui aiment la maison individuelle tout en ayant un grand discours sur la nécessité de retrouver une plus forte densité urbaine. Comment leur offrir en ville des produits semi-collectifs qui conservent des qualités de l'habitat individuel ?

Que doit-on comprendre derrière le terme de durable ? Une architecture dure lorsqu'elle est bien conçue, lorsqu'on a pensé à sa maintenance, à sa capacité d'adaptation.

On remarque une relative continuité entre « Villa Urbaine Durable » et LQCM, la consultation qui la précède, puisqu'on retrouve 7 ou 8 architectes primés ainsi que quelques maîtres d'ouvrage.

La concertation avec les habitants est également une dimension importante du projet, comme par exemple à Roubaix.

Le PUCA va traiter cette question dans un atelier consacré à la décision urbaine. Le vrai problème, c'est la chaîne concertation-décision. Quel type de concertation favorisera la prise de décision ? A noter que la notion de « développement durable » et la protection de l'environnement sont des approches qui favorisent le dialogue entre la population et la maîtrise d'ouvrage. Les 14 cibles HQE sont par exemple des façons pour celles-ci de s'exprimer en commun.

Les 21 propositions déclarées lauréates ou mentionnées par le jury présentent des points communs et des parentées dans certains domaines qui sont les suivants:

On observe deux grandes catégories de sites. Certains projets reconstruisent la ville sur la ville, d'autres s'inscrivent dans une gestion de l'extension urbaine.

Dans le cas où l'on construit la ville sur la ville, il s'agit de reconquérir de nouveaux terrains :

  • friches industrielles (Reims, Fontaine/Saône)
  • friches portuaires (Dunkerque)
  • ancienne caserne (Rouen)
  • reconversion de bâtiment industriel (Paris)
  • échanges de terrains pour constituer des unités foncières opérationnelles (Bagnolet)
  • chapelet de dents creuses dans un même secteur (Ivry/Seine)
  • le renouvellement urbain : démolitions, reconstruction (Fontaine/Saône, Châteauroux...)

Certains de ces terrains présentent des "handicaps" :

  • zone de bruit (Clermont-Ferrand)
  • terrain en pente (Fontaine/Saône - Quimper ou Ivry/Seine)

Dans le cas des projets ayant pour objectif de maîtriser l'extension urbaine, l es opérations VUD s'intègrent dans des opérations plus vastes de création de nouveaux quartiers en périphérie des Villes et en constituent un ou plusieurs maillons : Quimper - Rezé - Caen - Ploemeur. Le plus souvent les secteurs sont bien desservis en Transports en Commun, et l'étalement urbain est stoppé par une contrainte.

A la charnière de ces 2 catégories se trouvent des petites opérations de densification en milieu rural ou urbain peu dense, comme par exemple :

  • Gif-sur-Yvette, construction aux abords de la Gare
  • Châlons-sur-Saône, où les bâtiments neufs récupèrent des restes de murs en place.

Dans certaines opérations, le garage ou le parking est éloigné du logement, soit du fait des contraintes urbaines (Paris XIIe), soit pour un meilleur usage et un équilibre durable du quartier (Châlons-sur-Saône).

Une opération est dispensée tout ou partie de place de stationnement par la DDE du fait de sa très bonne desserte en Transports en Commun (Ivry-sur-Seine). D'autres proposent de traiter et de gérer collectivement les automobiles des maisons individuelles (Digne et Châteauroux). Dans d'autres cas le parking est valorisé par la lumière naturelle (Rouen) ou est considéré comme une construction qui structure l'espace de la résidence (Caen).

La qualité architecturale des opérations est assurée par l'intégration dans le site, la diversité typologique, l'adaptation aux contraintes extérieures, l'effacement de l'automobile, la végétalisation, etc... Ainsi, on retrouve des opérations simples et modestes (Oissel, Quimper), ou de style moderne (Caen, Rezé). Plusieurs d'entre elles requalifient des quartiers défavorisés (Creil et Roubaix) ou de faubourg.

Sur le plan de la mixité typologique, beaucoup d'opérations présentent une diversité de types de logements, certaines présentent du logement individuel (Quimper - Dunkerque - Reims - Gif /Yvette - Rezé - Creil - etc...). Le collectif est très petit (3 ou 4 logements) alors qu'au contraire l'individuel est densifié (Dignes - Châteauroux - Reims - Rezé)

Un type « intermédiaire » de bâtiment est développé : l'individuel groupé ou superposé, difficile à classer en collectif, bien que ce ne soit pas de l'individuel (Dunkerque - Gif /Yvette - etc...). Cette mixité typologique est issue de la démarche urbaine de couture, ou réparation d'un tissu (Roubaix - Ivry/Seine). Ces nouvelles densités de logement se font pour beaucoup autour du patio dont les qualités environnementales sont exploitées, ou d'un espace clos extérieur au logement (Dunkerque - Rezé - Reims - etc...). Ces assemblages peuvent se faire par nappe, au sol (véritables individuels), ou par superposition (semi collectif). Deux propositions (Bagnolet et Châlons-en-Champagne) ont choisi de développer l'immeuble Villa : l'un R+6 en région parisienne, l'autre en R+4, tous les deux avec ascenseur. À la mixité typologique s'ajoute la mixité fonctionnelle avec au sein de la même opération du logement et de l'activité (Paris XIIe - Bagnolet).

De nombreuses opérations présentent des surfaces habitables supérieures aux références HLM, avec des T3 à 75 m2 et des T4 à plus de 100 m2 (Caen - Bourges - Reims - Paris - etc...). On observe une abondance de surfaces "non affectées", mais néanmoins construites, telles que caves, porches, jardins d'hiver, abri, balcons, etc... (Quimper , Châlons-en-Champagne).

La distinction entre structure primaire et structure secondaire permet souvent une flexibilité des bâtiments et des logements. Soit elle est prévue avec la constitution d'un noyau de base fixe, et des extensions, souvent en bois, possibles (Quimper - Oissel ), soit le vide sur séjour pourra être consommé (Fontaine-sur-Saône), soit encore les pièces sont configurées de manière à ce que la chambre et le séjour soient interchangeables au sein du même logement (Ivry-sur-Seine).

Des projets proposent des logements avec deux entrées, et la possibilité d'isoler du logement 1 pièce avec sanitaire, du type chambre de service (Clermont-Ferrand et Caen), ou même de donner à un logement un studio qui peut lui-même être utilisé en local professionnel (Paris XIIe).

Enfin, la liberté du plan peut être exploitée pour adapter le logement à la demande (locatif social, accession à la propriété) comme à Clermont-Ferrand.

Les logements restent cependant relativement classiques, à l'exception de deux projets qui présentent la cuisine et le séjour séparés d'un étage dans un individuel (Reims), et les dégagements traités comme pièce à vivre (Rouen).

Un autre projet prévoit la fourniture en un ou deux endroits du logement d'un meuble poubelle de tri sélectif (Ploemeur).

L'approche technique environnementale des projets s'associe à la réflexion architecturale et urbaine lors de la conception des logements. Plusieurs systèmes ou produits sont proposés de manière récurrente dans les projets :

  • des structures poteau-poutre en béton,
  • blocs autoporteurs en façade, briques monomur
  • structure bois, charpente bois
  • mur respirant en façade
  • couvertures tuiles ou zinc
  • menuiseries extérieures bois
  • vitrages peu émissifs
  • pour le chauffage - climatisation, production ECS
  • plancher chauffant
  • chauffage collectif par micro-chaufferie
  • pompe à chaleur
  • puits canadien
  • capteurs solaires (curieusement assez peu)
  • le solaire passif
  • les robinets à limitateurs de débit

Un projet propose des panneaux photovoltaïques (Caen), un autre, des réseaux multimédias dans les logements (Oissel), et un autre la pose de revêtements de sols antibactériens (Rouen). Certains projets prévoient le stockage des eaux pluviales et parfois leur filtrage, ainsi que la végétalisation des terrasses. Enfin, des chantiers à faible nuisance sont annoncés avec particulièrement l'utilisation de produits industriels assemblés à sec (Creil). Le tri sélectif semble passé dans les mours avec une attention plus poussée chez certains (Caen)

On note une évolution très nette de la qualité générale.

Il n'y a pas de distinction en terme de typologie et d'architecture entre logement social et accession, et effet d'entraînement positif entre mobilisation d'équipes variées et d'acteurs motivés. Certaines questions réglementaires restent à être résolues, notamment le statut du semi-collectif et de l'individuel superposé, alors qu'aujourd'hui le champ de l'individuel est différent du champ collectif. Une autre question reste posée : le montant de ces opérations au regard des objectifs visés par les projets.