113 LOGEMENTS ÉTUDIANTS EN 113 JOURS

Situé à Angers, ce chantier de trois bâtiments (R+2) a été conduit en un temps record. Entre les premières fondations et la livraison, six mois se sont écoulés. Une performance rendue possible par un système basé sur une structure à points porteurs permettant une bonne articulation entre les phases de gros œuvre et les interventions des corps d’état secondaires.

Lorsque le chantier défie le temps

La REX d’Angers s’est inscrite comme une suite de défis :

- défi de délai. Il s’agissait de construire en six mois une résidence de 113 logements;

- défi organisationnel et constructif afin de répondre aux contraintes précédentes.

L’entreprise Duchemin a donc conçu un système constructif basé sur une structure en béton armé constituée d’un ensemble de prédalles nervurées. Celles-ci sont assemblées sur chantier par armatubes à quatre poteaux en équerre préfabriqués. Une dalle de compression coulée en place complète l’ensemble. Le système se caractérise par une structure à points porteurs qui ménage des circulations libres entre les espaces d’un même plateau avant la mise en place des panneaux de façade et des cloisonnements. Il offre par ailleurs la possibilité d’un accès direct par la façade, facilité par un étaiement réduit des prédalles. Le système permet le passage des fluides au sein d’un des quatre poteaux porteurs remplacé par une gaine technique en béton, elle-même porteuse. Les façades autoporteuses sont réalisées par des panneaux en béton préfabriqués. Fondé sur la modularité, une distribution en peigne et un assemblage de cellules, le projet a été conçu avec un fort souci d’offrir la protection la plus efficace possible contre les nuisances sonores.

Comment obtenir une organisation fluide

La désignation de chaque entreprise s’est effectuée au plus tard un mois et demi avant leur première intervention. Le planning général fixait une rotation journalière de 5 logements par corps d’état. Ceux-ci ont finalisé en quinze jours l’ensemble des plans techniques d’exécution. Un listing d’échantillons a été élaboré pour suivre l’acceptation des différents produits. Afin d’obtenir une plus grande souplesse d’exécution, l’entreprise générale a opté pour la préfabrication des éléments du gros œuvre et de certains éléments du second œuvre. Ainsi, les éléments porteurs en béton (poteaux, prédalles) ont été fabriqués sur chantier. Ceci a permis de s’affranchir des transports routiers et de réaliser des composants de taille unitaire importante (prédalles d’environ 25m2). La forte répétitivité du projet a également favorisé la préfabrication de réseaux d’alimentation et d’évacuations hydrauliques internes au logement. Par ailleurs, des éléments de menuiserie intérieure ainsi que des revêtements de sols (prédécoupage des lés aux dimensions proches des cellules) ont été préfabriqués hors site, dans l’atelier du sous-traitant.

Le bon déroulement du chantier, sur un planning serré, nécessitait une procédure stricte de gestion des approvisionnements. L’équipe a donc défini un planning ménageant une semaine tampon pour absorber les ripages éventuels. Par ailleurs, une relance systématique aux fournisseurs, quinze jours avant la date prévue de livraison, était effectuée. Enfin, les arrivages ont fait l’objet d’un contrôle systématique.

" Les approvisionnements ont été organisés en dehors des horaires de chantier. Cela a permis une décharge rapide des camions de livraison, à l’aide de la grue, tout en approvisionnant en quelques points des plateaux les quantités nécessaires à la réalisation des cloisons de plusieurs cellules de logement. Plutôt que la préparation en usine de colis spécifiques, l’équipe a choisi de faire livrer des palettes standard. La grue approvisionnait en étages les quantités voulues en extrayant directement le nombre requis de plaques, à partir des palettes disposées sur les plates-formes de déchargement s’appuyant sur les planchers" commente Jean-Luc Salagnac (CSTB), évaluateur de la démarche.

Bilan

L’opération est une réussite en termes de délais, de sécurité et de performance technique, notamment en matière acoustique et thermique. Un bémol toutefois : les intervenants soulignent les tensions occasionnées par les courts délais de réalisation (chevauchement des corps d’état, difficulté de travailler pour le peintre). D’après Jean-Luc Salagnac, " Au-delà de ces tensions, les acteurs ont jugé positivement la courte durée d’exécution. La mise en place d’un encadrement plus important que d’ordinaire (un conducteur de travaux expérimenté et un conducteur stagiaire à plein temps, un conducteur d’opérations à mi-temps) a permis de ressentir ce projet comme un défi, offrant une plus grande responsabilisation individuelle que d’ordinaire ".

" La réussite de cette opération réside dans la qualité de sa préparation. Le système constructif n’est ici que le moyen du succès " commente l’entreprise Duchemin. La REX d’Angers a effectivement d’abord cherché à résoudre la question : quelle organisation et quel système constructif répondent le mieux aux objectifs qui sont assignés? Question qui peut paraître banale. Sans doute, mais tout au moins elle possède le mérite de ne plus contraindre les acteurs à trouver des solutions organisationnelles " plaquées " sur une technologie figée à l’avance. Elle induit par ailleurs une définition de l’organisation très en amont, entre l’équipe de conception et de réalisation.

Si chaque chantier est un prototype, alors c’est dans la façon d’aborder l’organisation dans le temps du projet - et non pas dans le choix figé d’une technologie constructive - que l’on trouvera une permanence susceptible de concilier les intérêts de chacun des acteurs du chantier.