L'ENCADREMENT

La majeure partie de l'encadrement appartenait, avant le chantier, à Laing ou GTM. Peu de cadres ont été recrutés directement par la joint venture. Mais la part de cadres détachés de chez Laing est largement majoritaire à celle de GTM. Il y a des difficultés à mobiliser les cadres: "Il y a peu de personnel, peu de cadres entre 35 et 45 ans, mais en revanche pas mal de VSNE (Volontaires pour le service national en entreprise, formule qui remplace le temps d'armée pour les jeunes)". Plus de 70% des cadres seraient issus de chez Laing. Le coût du déplacement, mais aussi la faible mobilité des cadres à l'international, autrement dit la difficulté pour GTM de trouver des cadres prêts à partir cinq ans pour l'Angleterre, renforcent cette disparité. Il convient de noter que GTM cherche à développer l'internationalisation de l'ensemble de ses cadres. Pour cela, la politique actuelle est de ne pas faire traiter les chantiers internationaux seulement par la division spécialisée de GTM International, mais aussi par les autres divisions dont GTM BTP.

Les cadres arrivés de chez Laing ont davantage une expérience dans la réalisation d'autoroutes que dans la construction de ponts. Par rapport aux différences relevées dans l'organisation de l'encadrement en France et au Royaume-Uni, les Français ont essayé d'adopter une solution intermédiaire, en donnant à la fonction de construction manager un contenu plus proche de la fonction du conducteur de travaux. "Ce qui nous a frappés, c'est qu'avec ce type d'organisation à l'anglaise, les gens ne sont pas sensibilisés au suivi des coûts. Pour eux, c'est la tâche du QS, pas la leur". De même, selon l'un de nos interlocuteurs, le chef de chantier n'est là que pour faire respecter les horaires de travail, mais il n'a pas de connaissance technique développée.

Cette spécialisation des tâches et des fonctions de l'encadrement suppose que l'on respecte la responsabilité de chacun et sa place dans la relation hiérarchique, "aussi bien de bas en haut que de haut en bas... l'ingénieur n'est pas habilité à donner des ordre aux ouvriers de l'atelier. Il n'a pas le droit de s'adresser directement ni aux chefs d'équipes, ni aux ouvriers. Il doit passer par le construction manager, qui le répercutera au foreman, au chef de chantier". La situation serait-elle si différente en France ?