La
dynamique de la production
La
construction résidentielle
La
construction non
résidentielle
Les constructions
publiques
La
rénovation et la maintenance immobilière
La
dynamique de la production
En 1994, la valeur de la production dans le secteur italien
de la construction au sens large était de 197 000 milliards de lire, dont
83,2 % de constructions neuves et de restauration de constructions
existantes (Cresme 1995) et dont 16,8% de travaux de maintenance ordinaire. Des
164 000 milliards d'investissements réalisés dans les construction nouvelles
et dans la restauration, 124 500 (76 %) relevaient du secteur privé. Les
deux tiers ont été effectués dans le secteur immobilier résidentiel, le
reste dans le secteur immobilier non résidentiel. Des 39 500 milliards
d'investissements du secteur public, soit 24 %, la plupart (68 %) ont
été réalisés dans le secteur des travaux de génie civil, et une part
significative (26 %) dans le secteur immobilier non résidentiel, alors
qu'une part modeste (6 %) a été consacrée au secteur immobilier
résidentiel.
La structure du marché de la construction est illustrée en
figure 1. La donnée la plus significative est l'importance de la
réhabilitation dont les investissements ont rejoint une part de marché proche
de celle du neuf. Autre aspect important : le poids imposant que conserve
le secteur immobilier résidentiel avec plus de 40 % de la valeur de la
production. Par ailleurs, en 1994, toutes les catégories du secteur de la
construction, à l’exception des activités de rénovation privée, ont subi
une baisse. En 1995 le marché de la construction semblait sortir de la période
de récession, marquant une légère croissance (+0,8 %) essentiellement
due à la vivacité du secteur de la rénovation, que ce soit au niveau
résidentiel (+2,8 %) ou au niveau non résidentiel (+2 %). Les pages
qui suivent, illustrées par les données du tableau 1, approfondissent les
procédures des différents secteurs
La
construction résidentielle
Alors qu'au début des années 80 la production d'habitations
résidentielles était d'environ 400 000 par an, les réalisations actuelles ne
dépassent pas les 230 000. En outre, dans les années 80, plus de 50 % de
la production résidentielle était concentrée dans le midi où le taux de
demandes insatisfaites était beaucoup plus élevé que dans l'Italie du
centre-nord. De fait, en 1981 sept familles sur 100 habitants étaient
dépourvues de logement, alors que dix ans plus tard ce rapport s'était
profondément modifié : seulement 1,5 dans le sud et 1,2 dans le
centre-nord. Le recensement de 1991 indiquait 25 millions d'habitations pour 20
millions de familles. La consistance du patrimoine de l'habitat dépasse donc le
nombre de familles pour 5 millions d'unités. La propriété immobilière est
très diffuse : plus de 70 % des familles italiennes sont
propriétaires du lieu qu'elles habitent et plus de 10 % possèdent plus
d'une résidence. Ces pourcentages ont par ailleurs augmenté depuis le
recensement.
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
investissements constructions neuves |
2,10 |
0,80 |
0,70 |
-7,50 |
-7,00 |
-1,00 |
0,90 |
résidentielles |
2,90 |
1,00 |
3,50 |
-0,70 |
-6,00 |
-3,60 |
-0,10 |
non résidentielles privées |
7,40 |
2,90 |
-3,80 |
-8,50 |
-12,0 |
1,50 |
2,50 |
non résidentielles publiques |
-2,10 |
-1,80 |
-4,40 |
-12,0 |
-6,50 |
1,50 |
2,00 |
génie civil |
-4,20 |
-1,40 |
1,90 |
-20,0 |
-2,90 |
2,00 |
1,00 |
investissement s
rénovation |
2,00 |
2,00 |
0,70 |
-4,10 |
0,70 |
2,40 |
2,80 |
résidentielles |
2,50 |
2,70 |
3,00 |
-0,50 |
2,30 |
2,80 |
3,50 |
non résidentielles privées |
5,30 |
2,20 |
-3,20 |
-6,50 |
2,00 |
2,00 |
2,50 |
non résidentielles publiques |
-7,80 |
1,30 |
-1,70 |
-9,30 |
-6,00 |
1,80 |
1,80 |
génie civil |
0,20 |
0,20 |
2,00 |
-8,50 |
-3,50 |
2,20 |
1,50 |
TOTAL |
2,10 |
1,40 |
0,70 |
-5,90 |
-3,40 |
0,70 |
1,80 |
maintenance ordinaire |
9,60 |
4,10 |
2,00 |
-3,60 |
0,60 |
2,60 |
2,60 |
1996 = prévisions - % variations par
rapport à l'année précédente - valeurs constantes
source: CRESME
Variation des investissements dans la construction de 1990 à
1996
|
La construction résidentielle neuve manifeste une tendance
négative depuis peu, avec quelque retard sur les autres secteurs en raison des
temps de réalisation. On compte en moyenne 22 mois entre le retrait du permis
de construire et l'achèvement de la construction, sans considérer les temps de
projet et d'attente de permis. En 1994 la construction résidentielle neuve a
marqué une chute de 6 % tout en continuant à couvrir 43 % de la
valeur totale de la production immobilière. L'incertitude des perspectives
économiques des familles a limité l'investissement d'épargne pour
l'acquisition de nouvelles habitations, alors que les grands investisseurs
traditionnellement présents dans ce secteur, dont les compagnies d'assurance,
ont non seulement radicalement changé leurs domaines d'investissement mais ont
encore été les protagonistes de sérieux désinvestissements.
La croissance de la pression fiscale explique elle aussi la
baisse de la demande : dans les deux dernières années, sur l’ensemble
des entrées fiscales de l'Etat, les prélèvements fiscaux sur les biens
immobiliers ont pratiquement doublé, passant de 2,7 % à 5,7 %. Entre
1994 et 1995, la tendance négative de la production dans le secteur de la
construction résidentielle a été atténuée par la prolifération des
chantiers illégaux qu'avait incitée la politique gouvernementale de remise de
peine : dans les zones du centre-midi une propension consolidée à
l'illégalité a en fait abouti à la réalisation de nombreuses constructions
illégales.
La
construction non résidentielle
La crise de la construction non résidentielle privée neuve
remonte à 1992 et a atteint son comble en 1994. Pendant ces trois années, la
réduction globale a dépassé les 20 %. L'unique segment de ce secteur à
avoir ressenti la crise de façon marginale a été celui des constructions
destinées à un usage commercial, qui a tout de même marqué une baisse de
5,6 %. La crise de la construction d'activité directionnelle privée a par
contre été grave: la baisse de 1994 (-15 %) a dépassé celle de 1993
(-13,7 %).
Le cycle immobilier de la construction du secteur tertiaire,
et plus particulièrement de bureaux, a abouti à un épuisement de l'expansion
qui avait déjà eu lieu les années précédentes. L’impressionnante
réduction de mobilité des entreprises et de leur besoin d'espace doit être
imputée à la récession économique. Les centre directionnels les mieux
desservis par les infrastructures en ont le plus souffert. Le secteur
distributif moderne s'est orienté avec stabilité vers une typologie du centre
commercial et des "bonnes affaires". L'implantation de la distribution
commerciale est toutefois destinée à dépendre largement des politiques de
mobilité urbaine et d'accès aux centres-villes. La construction industrielle a
elle aussi subi en 1994 une baisse de 10 % par rapport à 1993 et n'a
commencé à donner des signes de reprise qu'en 1995.
Les
constructions publiques
L'expansion dans les années 80 du secteur de la construction
avait été en grande partie causée par une disponibilité considérable de
ressources publiques, la rendant ainsi fortement tributaire de l'Etat. De fait,
la récession qui s'en est suivie était largement due à la perte du client
principal - l'Etat - qui a progressivement réduit le chiffre des ressources
investies. D'autre part et paradoxalement, il ne fut pas toujours possible
d'utiliser les ressources affectées, en raison de procédures administratives
et d'un système de comptabilité totalement inadaptés. A noter qu'entre 1989
et 1994, la dépense publique a chuté de 25 %, atteignant même 60 %
pour les grands travaux.
Les travaux de génie civil ont quant à eux enregistré en
1993 une chute de 20 %, chose jamais vue par le passé. Comme origine
principale de cette situation, notons la politique de restriction des dépenses
publiques, destinée à remédier à l'endettement de l'Etat, et les enquêtes
judiciaires qui ont provoqué l'interruption des travaux dans de nombreux
chantiers. De plus, l'application de la législation sur les travaux publics,
introduite afin de rendre leur attribution plus transparente et de mettre fin au
phénomène diffus de corruption, a rencontré de nombreuses difficultés, avec
pour conséquence une paralysie de l'activité dans de multiples
administrations.
La forte réduction des investissements dans les travaux de
génie civil semble d'autant plus préoccupante que ses effets négatifs sont
doubles : à celui qu'elle a sur le secteur interne des constructions en
tant que composante importante de l'économie nationale, s'ajoute un effet
relatif à l'économie nationale dans l'ensemble par l'aggravation du déficit
infrastructurel du pays. Ceci est d'autant plus marqué que la politique de
forts investissements dans les travaux publics adoptée dans les années 80
n'avait pas produit les résultat espérés : la plupart des travaux - dont
beaucoup ne furent pas même achevés - n'ont pas contribué efficacement à
réaliser le bond attendu au niveau des dotations d'équipements et
d'infrastructures.
La construction non résidentielle publique a elle aussi
marqué une baisse de 6,5 % en 1994 sur l'année précédente. Alors que la
construction universitaire et scolaire s'est avérée en hausse, la construction
sanitaire a subi une crise considérable. En 1995, année de sortie de la crise
induite par les enquêtes judiciaires, les administrations publiques ont publié
des avis de concours pour une valeur de 26 000 milliards de lires. Même s'il
s'agit essentiellement d'une myriade de petits travaux (environ 33 000
soumissions d’un montant inférieur à 800 millions de lires), bon nombre
d'entre elles représentent un montant supérieur à 10 milliards.
La
rénovation et la maintenance immobilière
Le marché italien de la construction se caractérise par la
croissance continue des activités de rénovation immobilière. En 1994, plus de
56 % des 197 000 milliards d'investissements effectués relevaient de
la rénovation et de la maintenance immobilière du patrimoine infrastructurel
existant. D'autre part, les prévisions d'instituts spécialisés indiquent que
d'ici à 10 ou 15 ans le secteur de la rénovation devrait absorber grosso
modo 80 % du marché.
Les facteurs qui alimentent le phénomène de la rénovation
immobilière sont multiples. Dans les années 80, la production de nouvelles
habitations et la diminution simultanée du nombre de familles a favorisé la
satisfaction du besoin primaire d'habitation. Au même moment, la diffusion de
la propriété immobilière a fait que plus de 70 % des familles soient
propriétaires d'une résidence. Par conséquent, le vieillissement graduel du
patrimoine immobilier national rend de plus en plus nécessaires les
interventions de rénovation et de maintenance. Fixant à quarante ans le seuil
au-delà duquel les habitations nécessitent de constantes interventions de
rénovation, on présume que, au cours de cette décennie, 300 000 habitations,
construites en moyenne dans les années 50, atteindront la quarantaine. Après
l'an 2000 le même phénomène se répétera pour les 550 000 habitations
construites dans les années 60. Alors que depuis 1985, seulement 34 % des
habitations italiennes avaient plus de quarante ans, en 1995 on en compte
38 % et en 2005 il y en aura 50 %. De plus, l'activité de rénovation
est sollicitée par le progrès technique constant en matière de finitions et d’installations,
ainsi que par la quantité accrue de technologies utilisées pour la
maintenance. La conformité des édifices aux nouvelles normes,
particulièrement en matière de sécurité et d'économie énergétique,
représente aussi un facteur favorable.
Il convient de noter l'extrême hétérogénéité des types
d'interventions dans le secteur de la rénovation immobilière, qui met en jeu
tous les types de sous-marchés : les habitations, les bureaux, les
édifices industriels, les infrastructures. Il présente en même temps une
grande fragmentation du point de vue dimensionnel, recouvrant une gamme
d'interventions allant de la simple maintenance ou substitution de composantes
immobilières à des interventions structurelles plus complexes et coûteuses.
Qui plus est, alors que 65 % des dépenses du secteur neuf sont consacrées
à des structures et travaux muraux, 75 % des dépenses de rénovation et
de maintenance sont englouties par les installations et les finitions.
Ajoutons que depuis quelques années s'est affirmée une
approche du secteur résidentiel public liée à une vision différente de
l'habitation, vision plus intéressée à la requalification de la ville
existante que tendue vers la réalisation de nouveaux quartiers. L'État et les
régions considèrent en effet que l'amélioration du patrimoine immobilier et
urbain existants sont d'une plus grande urgence que la production de nouveaux
édifices. En témoigne le fait que la plupart des ressources financières
publiques sont destinées à la rénovation. La programmation des dépenses
publiques tend à privilégier les projets inscrits dans le cadre de programmes
de rénovation urbaines et de programmes de requalification urbaine, promus au
niveau national par le Ministero dei Lavori Pubblici (Ministère des
Travaux Publics). La particularité de ces programmes tient à l'objectif de
rénover des zones urbaines entières, intégrant non seulement la
requalification des habitations avec espaces et infrastructures publiques mais
aussi des édifices destinés à des usages différents.
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