Durant les années '80, le gouvernement danois décide
de construire un lien permanent entre deux îles distantes Funen- Sprogø-
Zealand de 18 km qui sont exclusivement reliées par un service de ferry
boat. Le raccordement du Storebælt se fait en deux temps : la partie
Ouest entre Funen et Sprogø et la partie Est entre Sprogø et Zealand.
La partie Est, plus profonde de la partie Ouest, est
habituellement utilisée comme canal de navigation. Les choix
stratégiques concernant la forme du projet ont tenu compte de cette
différence de fonctions. A partir de ces considérations, les ingénieurs
ont décidé de construire pour la partie Ouest, un pont en béton armé
qui servira de raccordement ferroviaire et routier. Pour la partie Est, en
revanche, il sera réalisé un pont en suspension (1624 m.) d'une hauteur
de 64 m. Si le pont en suspension permet le passage automobile, la
circulation ferroviaire est assurée à travers un tunnel construit entre
l'île de Sprogø et l'île de Zealand.
Une entreprise publique créée en 1987, la
Storebæltforbindelsen A/S, sera chargée de toutes les opérations
suivantes : modalités de financement, suivi du projet, organisation des
appels d’offres et contrôle de l’exécution des ouvrages. Les travaux
du pont de l'Ouest et du tunnel de la partie Est ont démarré en 1987 et
auraient dû être achevés en 1995. L'appel d'offre du Pont de l'Est a eu
lieu en 1990, l'ouverture au public est prévue pour 1999.
Les étapes qui ont conduit au choix des partenaires
économiques chargés de la réalisation des travaux ont été les
suivantes :
- Le pont de l’Est et le pont de L’Ouest et le Tunnel ont été
divisés en parties technologiquement autonomes, pour lesquelles A/S a
rédigé un projet de base6 ;
- Pour chaque sous-projet les caractéristiques techniques,
économiques et financières requises, auxquelles doivent répondre
les groupes d'entreprises, pour pouvoir participer à l’appel d’offres
ont été clairement identifiées.
Les entreprises qualifiées pouvaient participer à l’appel
d’offres de différentes façons. Elles peuvent faire une offre
économique : essentiellement sur le projet fourni par le client ; en
apportant des variantes au projet de base, tout en reprenant la structure
générale ; en proposant un projet dont les caractéristiques générales
sont radicalement différentes du projet présenté par la A/S.
L'A/S a évalué les offres et a opté pour la formule
2. Les variantes au projet permettaient une réduction des coûts et une
meilleure performance de l’infrastructure. Si la modification proposée,
reposait sur un projet suffisamment bien détaillé, conforme aux
standards requis par l'A/S, la réalisation des travaux pouvait s’appuyer
sur le projet présenté à l’appel d’offres. Dans le cas où le
client considérait les indications techniques présentées par les
entreprises sélectionnées insuffisantes, il pouvait accepter la
modification proposée, et prendre en charge le projet détaillé, afin d’en
maîtriser tous les aspects. Sur la base des indications fournies par l’appel
d’offres, A/S pouvait également subdiviser les sous-projets
préalablement définis dans l’appel d’offres. Par exemple, la
réalisation du Pont de l’Est a été réorganisée en deux sous-projets
- superstructure et structure de base - (rappelons que les offres retenues
faisaient partie du même groupe d’entreprises).La dernière étape
consistait à la signature des contrats. Il s’agissait de contrats à
valeur fixe qui comportaient des clauses de renégociation limitées à
quelques rares cas bien précis.
Le second cas étudié est celui du projet du Treno ad
Alta Velocità (TAV) en Italie. Ce projet s’articule en deux grandes
parties :
- la construction d’un nouveau réseau (1.300 km) et l’amélioration
du réseau existant (1.900 km) afin de disposer de lignes à grande
vitesse qui se raccordent aux lignes traditionnelles du chemin de fer
;
- la conception technique et l’achat du matériel roulant et de tous
les autres dispositifs nécessaires au réseau ; dont la mise en
circulation est prévue pour l’an 2000.
En 1991, La société publique Ferrovie del Stato (FS)
a donné en concession, à la société de droit privé TAV, les tâches
concernant la réalisation et l’exploitation commerciale du réseau
(l'opération globale représente un investissement de 25.000 milliards de
lires). La FS est actionnaire majoritaire de la TAV, elle possède 40% du
capital, les 60% restants sont détenus par un groupe d’actionnaires
privés. Le capital social de la société est de 2 000 milliards de
Lires ; un capital qui par conséquent ne couvre qu’une partie des
coûts. Pour le reste des financements nécessaires à la réalisation du
projet, la société aura recours au marché financier (13.800 Mds de
lires, 54% de l’investissement global) et obtiendra des financements
publics (9.500 Mds de lires, 37%).
Les étapes suivies pour sélectionner les entreprises
chargées de la réalisation des travaux ont été les suivantes.
- Le projet a été divisé en sept sous-projets correspondant aux
différentes tranches du réseau considéré.
- La société concessionnaire TAV a obtenu un projet de base rédigé
par Italferr-Sis, un bureau d’études actionnaire de la FS, nommé
responsable pour les questions liées aux technologies employées et
à la mise en service des systèmes de qualité.
- L’étape suivante a consisté à choisir le "general
contractor". La TAV a sélectionné sept "reliable
contractants"7 pour réaliser les différentes parties
du projet. La forme du contrat prévoit une responsabilité globale
pour l’exécution des travaux. La nature clés en mains (turn key)
de l'opération est très souvent mentionnée dans le contrat. La
procédure officieuse de sélection du contractant mérite d’être
soulignée ; on note à cet effet, qu'aucune forme d’appel d’offres
public - national ou international - n'a été mise en place pour
faire participer d'autres entreprises.
- Le general contractor se charge de développer le projet de
base rédigé par Italferr- Sis et le transforme en un projet
détaillé ; et, c'est sur la base de ce projet détaillé que le
groupe concessionnaire fait une offre.
- TAV reçoit le contrat et le soumet à Italferr-Sis. Italferr-Sis
vérifie la qualité technique et contrôle sa conformité en termes
économiques. Avant de passer à la signature du contrat définitif (integrativ
act), dans lequel sont spécifiés toutes les modifications et les
détails techniques apportés au prix du projet, rigidement fixés et
modifiables seulement à la suite d’événements exceptionnels, TAV,
Italferr-Sis et le general contractor négocient chacune des
clauses contenues.