INTRODUCTION


Après avoir bénéficié du financement du Plan Construction et Architecture (P.C.A) pour une analyse exploratoire, le groupe de chercheurs connu sous le nom de "Groupe Bagnolet" a été retenu en octobre 1993 pour une proposition de recherche complète, financée par le PCA.

Les objectifs de cette recherche étaient d’étudier quelques-unes des implications que la réalisation du marché unique européen et l’intégration des directives européennes en matière de construction pouvaient avoir sur les marchés et l’organisation du secteur entre les pays membres. Notre proposition portait sur les quatre plus grands systèmes économiques de l'Union Européenne, à savoir : la France, l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni. Nous y avons ajouté le Danemark en raison des grands projets d'infrastructure à participation multinationale qui s’y déroulaient. Pour atteindre ces objectifs, notre démarche reposait sur l'étude de cas de cinq joint ventures à dimensions multinationales, ces joint ventures se déroulant dans chacun de ces pays. Le point central de cette recherche devait porter sur les modalités de la coopération entre des acteurs issus de différents systèmes de construction nationaux, dès lors qu’ils étaient conduits à collaborer à un même projet. Notre hypothèse était que, pour comprendre les changements en cours dans l'industrie de la construction au sein de l’Union Européenne, il était nécessaire de prendre en compte les formes de coopération entre les systèmes nationaux, plutôt que de comparer séparément les systèmes existants. Ces "points de friction" devaient contribuer à révéler la nouvelle physionomie de l'industrie de la construction européenne.

Plus précisément, nous émettions les hypothèses suivantes:

  • Les joint ventures internationales empruntent des éléments aux différents systèmes en présence, mais doivent les adapter aux besoins propres du projet et aux caractéristiques du pays d’accueil.
  • Deux modèles de joint ventures - ou de coopération - peuvent être identifiés : le modèle "anglo-saxon" de construction management - les relations de marché y sont prédominantes, et le risque y est transmis verticalement du haut en bas de la structure hiérarchique du projet ; et le modèle "continental" de groupement - les relations non marchandes y sont plus fréquentes, et le risque est partagé de manière horizontale entre les partenaires de la joint venture.
  • Les partenaires de la joint venture ont recours à la main d'œuvre de leur propre pays lorsque des qualifications spécifiques sont requises pour la production, ou lorsqu'ils craignent de recourir à la main d'œuvre locale. Ils ont recours à celle-ci lorsque le travail réclame peu de qualifications spécifiques.

A travers l’examen de ces hypothèses, l’un des buts était d'apprécier le rôle que les instances européennes, à la fois comme maître d’ouvrage et comme régulateur, pouvaient jouer dans le développement d'un système contractuel européen.