wpe6.jpg (28998 octets) améliorer la productivité par l'organisation


Enseignements / bilan

La question des salaires
Temps de travail / temps de vivre
Bilan

Le chantier I - J et les chantiers de référence


La question des salaires

La question des rémunérations, sur un chantier où se côtoient salariés, intérimaires et sous-traitants, liée à l’ARTT, si elle reste souvent inscrite en filigrane dans les discussions, peut aussi déclencher les passions. Le salarié d’un sous-traitant (une entreprise artisanale exclusivement affectée au sciage des ferrailles après séchage du béton), rémunéré 68 F de l’heure sans réduction de temps de travail (" et je dis que c’est pas assez ! ") suscite une forme d’admiration - quand bien même les ouvriers de la SAE, discrets sur leur rémunération, semblent faire corps autour d’une " culture d’entreprise " où l’on s’identifie au sigle, aux couleurs, aux signes fédérateurs et à l’encadrement… Les différences entre intérimaires et ouvriers de l’entreprise générale vont bien au-delà du salaire : la sécurité du travail, l’existence d’un comité d’entreprise, d’organisations syndicales, d’avantages sociaux semblent, aux intérimaires les plus âgés, une sorte de luxe inaccessible.


Temps de travail / temps de vivre

On oppose parfois le temps de travail au temps de la vie : pourtant, ces deux modalités sont très imbriquées, et prennent des significations diverses selon le statut, l’âge, le parcours professionnel. Pour les ouvriers maghrébins proches de la retraite, l’idéal, en matière de réduction du temps de travail, serait de " partir à la retraite, rentrer au pays ; on a mal partout, il faudrait qu’on arrête ". Pour le chef de file très impliqué dans la vie sociale de son quartier, " 35 heures, ça me donnerait plus de temps pour entraîner les gamins au foot… " Mais pour le jeune apprenti d’un sous-traitant, pour qui le travail, le chantier, sont le symbole de la vie elle-même (" j’étais un voyou, j’étais méchant, je faisais que des conneries, c’est bien, de travailler… "), la question des 35 heures semble venir d’une autre planète. Ce sont aussi toutes ces perceptions du temps que brasse un chantier, et qu’il s’agit d’organiser pour que "ça" marche.


Bilan

Les dispositifs opérationnels imaginés et mis en place pour l’expérimentation ont permis d’avancer sur plusieurs terrains, dont celui d’une réflexion approfondie sur l’organisation et la distribution des rôles sur le chantier, avec une tendance à investir plus de temps dans la préparation et les tâches de contrôle. Il a été possible d’assurer la production habituelle avec le même effectif, et sans heures supplémentaires, en 39 heures de travail hebdomadaires. Mais il n’a pas été possible de descendre en dessous.

Un certain nombre d’écarts par rapport au protocole ont été repérés, dont les principaux tiennent aux habitudes solidement implantées. La notion d’organisation séquentielle, sans être affirmée comme telle, a fonctionné sous la forme du "bien du premier coup" et des pré-réceptions. Mais l’affectation d’un chef de séquence n’a pas été formalisée : le conducteur de travaux, responsable de l’ordonnancement, du pilotage et de la coordination des séquences, continuant à jouer le rôle de chef d’orchestre, avec toutefois un partage du travail avec un second conducteur de travaux et une plus forte délégation au chef de chantier.

L’intégration des différentes contraintes des entreprises dans le planning a été limitée : il n’est déjà pas simple de faire évoluer habitudes et mentalités internes à l’entreprise, alors, intégrer les modes de fonctionnement de sous-traitants aussi différents que l’électricien, doté d’une culture industrielle, et le plombier, toujours sur le fil de l’urgence, relèverait du miracle.


Le chantier I - J et les chantiers de référence

La comparaison avec d'autres chantiers met en relief des données dont il serait aventureux de donner une interprétation définitive - d'autant plus que l'on se situe en situation expérimentale et que les chantiers comparés ne sont pas identiques -  mais qui soulignent plusieurs points cruciaux:

  • une plus grande attention apportée à ce qui organise les échanges et la compréhension de l'ensemble des acteurs:  les revues de sécurité, les réunions, les repas de chantier;

  • une meilleure productivité en ce qui concerne les tâches propres à l'entreprise: le nombre de mètres de murs quotidiens sur le chantier I - J est plus performant que sur les autres chantiers, tandis que le nombre de mètres carrés de plancher (rappel: les planchers sont confiés en sous-traitance) est moindre que sur les deux chantiers de référence;

  • une diminution des heures supplémentaires: le début de preuve que l'investissement temps réalisé en amont est rapidement amorti? Peut-être...

Indicateurs

chantier I - J

chantier Ilôt C

chantier Y. Farge

PLI 40 logts

PLA 27 logts

date de démarrage

août 2000

nov. 2000

nov 2000

sécurité

accidents du travail

4 (contrats d'apprentissage)_

4

2

arbre des causes

3

1

0

0

revues de sécurité

4

1

1

1

vidéoscopies

1

1

1

1

taux de fréquence des accidents du travail avec arrêt 0 0 0 0
taux de fréquence des accidents du travail avec et sans arrêt 182 152 75

délai

planning enveloppe

fait

fait

fait

fait

planning par séquence par zone

fait

fait

fait

pas fait pour CES

planning gestion des approvisionnements

fait

fait

fait

fait

planning de pré-réception et de livraison

fait

pas fait

pas fait

pas fait

productivité

ouvrages finis à l'avancement et bien du 1er coup

suivi par pré-réception

processus non identifié

processus non identifié

ml murs / jour

40

35

35

35

m2 plancher / jour

80

85

85

90

m3 béton coulé depuis le début

3500

4600

3250

h travaillées *

22 000

26 311

26 749

h supplémentaires *

180

325

295

h de finition *

2 000

4 827

6 850

h instal. chantier et repliement

711

1 032

1 370

ratio h travaillées * / m3 béton

6,29

5,72

8,23

ratio h suppl. * / m3 béton

0,051

0,071

0,091

ratio h finition * / m3 béton

0,57

1,049

1,26

réunions mise au point chef ch. - cond. trav - BE BA

9

0

0

check list 1ère réunion de chantier

fait

pas fait

fait

motivation

formations

3

4

1

réunions information

3

2

2

repas de chantier

5

0

2

intervention nettoyage

ts les 15 j.

ttes les semaines

ttes les semaines

* y compris intérimaires > 39 h et > 35 h