améliorer
la productivité par l'organisation
Sous-traitants
et intérimaires
Phase
second œuvre et sous-traitants
35 ou 39, ça nous est égal
Devenir
bons
Intérimaires
Phase
second œuvre et sous-traitants
Autant l’entreprise peut organiser, depuis les
études jusqu’au chantier, toutes les dispositions qui sont de son
ressort, autant il semble difficile pour l’entreprise générale d’organiser
dans le détail, hors chantier, le travail des entreprises
sous-traitantes.
Le protocole d’expérimentation prévoyait un
ensemble de points critiques concernant les entreprises
sous-traitantes, parmi lesquels la gestion des approvisionnements et
la mise à disposition de la grue : ces deux points ont bien
fonctionné. Par contre, le protocole prévoyait d’intégrer dans le
planning les différentes contraintes des entreprises : ce point
a dû faire l’objet de remaniements… Il n’a, par exemple, pas
été possible de tenir compte du travail sur 4 jours d’une
entreprise intervenante. Et de fait, les entreprises ont, de manière
classique, organisé leur intervention en fonction des délais
préconisés par l’entreprise générale.
Toutefois, l’effort d’information, l’accent
mis sur la redistribution de certaines tâches, ont amené la plupart
des entreprises à s’impliquer dans la démarche proposée par SAE
C. Dès la constitution des lots, il était prévu que la descente des
fils dans les cloisons et le percement des prises de courant soient
affectés au lot cloisons / doublages ; que la mise en place des
grilles de désenfumage en serrurerie soit confiée à l’électricien.
35
ou 39, ça nous est égal
L’entreprise d’électricité, 30 salariés, a
réglé l’ARTT en travaillant 39 heures / semaine, les quatre heures
au-delà des 35 heures donnant lieu à l’attribution d’une prime
en juin. "35 ou 39 heures, ça nous est égal".
L’entreprise, qui s’est spécialisée dans le logement social, a
en permanence une vingtaine de chantiers à suivre, et a
"industrialisé" au maximum ses tâches, avec
beaucoup de préfabrication et de montage en atelier et une
spécialisation des monteurs : le
"rendement" est, pour l’appareillage, de deux
logements par jour et par personne, hors tableaux d’abonnés ;
les spécialistes "tableaux" posent, en logement
social, de 6 à 7 tableaux par jour et par personne. Les ouvriers sont
rémunérés à la tâche, selon une grille pré-établie :
"les 35 heures, ça n’a pas de sens". Et quand
les moyens de l’entreprise ne suffisent pas, "on reporte
le surplus sur les artisans". L’ "industrialisation"
recouvre aussi une organisation, pour les chantiers, qui inclut, au
démarrage, le déploiement d’une liste de points critiques à
préciser pour éviter les dysfonctionnements futurs : qui met
les baignoires à la terre ? qui s’occupe de l’alimentation
de la VMC ? qui se charge de l’interface
chaudière/logement ? Avec des équipes de monteurs
spécialisés, c’est le suivi de chantier qui prend du poids, de
même que les tâches de vérification des plans, de mise en accord
avec le plombier (ne pas mettre les prises derrière les radiateurs…),
avec le peintre (quand poser les enjoliveurs ?)… L’entreprise
estime avoir fait le maximum en matière d’organisation et d’aménagement
du temps de travail : la question des 35 heures n’a plus lieu d’être,
et l’articulation avec le chantier gros œuvre est une fausse
question : un chantier ouvert dix heures donne toute latitude
pour s’organiser.
Devenir
bons
L’entreprise de plomberie, une EURL de 11
salariés (dont trois apprentis), n’a pas le même point de vue.
"J’ai essayé d’en parler, mais les gars ne veulent
rien savoir". L’entreprise, située à Saint-Étienne,
travaille à 80 % sur Lyon : le temps de travail est de l’ordre
de 44 heures hebdomadaires. "Sur la fiche de paie, c’est
39 heures, le reste je le paie en frais de déplacements, et si j’ai
un contrôle, j’aurai des amendes…" Des
déplacements que le chef d’entreprise effectue en moto, au risque d’amendes
pour excès de vitesse.
Sur le chantier I-J, l’entreprise apprécie de
disposer, dès le départ, de toutes les informations utiles :
"Ici, c’est clair, on sait qui fait quoi, c’est bien
défini. On nous évite les déplacements pour deux mètres de
tube. e n'est pas partout comme ça!"
Les 35 heures en 2002 ? "J’ai
contacté l’organisation professionnelle, mais il n’y a pas eu de
suites. Ce n’est pas ma priorité. Mon analyse, c’est que les 35
heures vont en laisser pas mal sur le carreau, nous obliger à devenir
bons. Et ma priorité, c’est d’embaucher des bons, des gars qui
ont de l’expérience, même s’il faut les débaucher chez les
autres."
Dans cette situation d’urgence, le rôle
planificateur de l’entreprise générale prend tout son sens.
Intérimaires
L’organisation du travail amène à faire
travailler ensemble des personnels aux statuts divers : ouvriers
SAE, sous-traitants, intérimaires. L’équipe-type sur un chantier
est de 15 personnes, une dizaine de SAE C, et quatre ou cinq
sous-traitants. Dans ce type d’équipes sont comptés, comme
personnel SAE, les intérimaires.
Les intérimaires représentent environ 30 % de l’effectif
total des compagnons : " c’est structurel, ça nous
permet de nous caler par rapport au marché, et si l’intérim ne
représente aucun intérêt financier, il permet le lissage des
effectifs. "
Fin septembre 2000, deux intérimaires
travaillaient sur le chantier. L’un était rémunéré par Manpower,
l’autre par une petite entreprise d’intérim. Un conflit a
surgi : l’intérimaire Manpower, qui comme les salariés de SAE
C (et conformément à la loi) est réputé travailler 35 heures et
être rémunéré 10 % de plus pour les heures au-delà, bénéficiait
effectivement de ces 10 % ; l’autre intérimaire, plus
âgé, manifestant de grandes difficultés à s’exprimer en
français, montrait sa feuille de route de l’entreprise d’intérim,
avec une durée de travail quotidienne de 8 heures, et ne
bénéficiait pas des 10 % qui devaient lui revenir au-delà de la 35e
heure. On imagine aisément que ce type de différence peut être
source de conflits, et est de toute façon source d’un certain
désarroi chez ceux qui se trouvent en position de faiblesse. Quelques
mois plus tard, l’intérimaire travaillant pour une petite
entreprise d’intérim était passé chez Manpower…
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