wpe6.jpg (28998 octets) améliorer la productivité par l'organisation


Introduction

De la difficulté d’observer en faisant
Les prémisses de l’ARTT
Les grandes lignes d’un protocole à venir…
… et les accords définitifs


De la difficulté d’observer en faisant

La REX menée par SAE C n’énonçait pas a priori de scénario d’aménagement et réduction du temps de travail, mais se proposait de voir dans quelles conditions des gains de productivité complémentaires pouvaient être obtenus, qui rendraient possible la réduction du temps de travail sans que soient mis en cause non seulement les équilibres économiques des chantiers, mais aussi les habitudes et mentalités, qui interfèrent massivement sur les processus de travail et la qualité des résultats. L’expérimentation devait également permettre de voir dans quelles conditions il était possible de réduire les heures supplémentaires sans redistribuer les équipes. La démarche de l’entreprise est d’envisager l’ARTT non comme un facteur contraignant à une nouvelle organisation, mais comme résultante d’une organisation rationalisée, repensée, qui ne bouscule pas violemment les habitudes ni les mentalités.

L’entreprise ne voulait donc pas " subir la tyrannie de loi d’ARTT ", mais se donner les moyens de faire coexister dans le même temps un chantier expérimental sur le thème " ARTT " et des négociations, non expérimentales, elles, avec les représentants des salariés. Les négociations ont duré tout le temps du chantier : les accords " ouvriers " ont été signés en avril 2001, les accords " cadres " le 10 septembre 2001. Le préambule de l’accord " ouvriers " précise qu’"il suppose la mise en œuvre de solutions innovantes pour organiser et simplifier le travail, et une évolution des mentalités permettant l’actualisation et la simplification d’un contrat social complexe et parfois inadapté ".  C’est précisément comme épreuve de la validité de certaines de ces " solutions innovantes " que se positionne la REX du " chantier IJ " de Lyon.

Il s’agissait également, pour SAE C, de capitaliser les résultats d’expérimentations précédentes portant sur l’organisation séquentielle et la logistique (gestion des approvisionnements et évacuation des déchets). L’hypothèse globale était que le séquentiel pouvait être source d’un gain de productivité de 2 %, l’organisation logistique d’un gain de 3 %, 2 % supplémentaires pouvant être obtenus par une meilleure préparation et une attention plus forte portée aux individus sur le chantier. Somme théorique des gains de productivité : 7 % - soit plus que les 5 % nécessaires à transformer la réduction du temps de travail en " opération blanche ".

La REX allait permettre de confronter ces hypothèses à la réalité d’un chantier et de confronter ce chantier expérimental à des chantiers non expérimentaux, selon une série d’indicateurs variés.


Les prémisses de l’ARTT

Dès avant l’année 2000, SAE C a commencé à réfléchir aux modalités de l’ARTT, chaque société du groupe fonctionnant sur la question de manière autonome, avec des nuances selon les établissements. Le premier souci a été de bien comprendre la loi, et les premières difficultés ont porté sur le sens des mots : horaire légal, travail effectif, annualisation, modulation…

Une première démarche a consisté a simuler le calcul des temps de travail sur dix ans, qui tienne compte du calendrier ARTT, des jours fériés, des congés payés… afin de trouver une cohérence entre ce que désignent " 35 heures par semaine ", " 1600 heures par an ", " jours fériés ". Il en a découlé les orientation suivantes : maintien du salaire avec la création d’une indemnité de réduction du temps de travail, gestion des heures supplémentaires dans le cadre de la modulation, disparition de la notion d’horaire collectif de travail. Ensuite, une réflexion a été menée sur les effets de l’ARTT sur la production, en particulier sur les points suivants : trouver des articulations nouvelles entre la réduction du temps de travail et une organisation différente ; ces modifications dans l’organisation impliquent des changements d’habitudes, dont on pressent qu’ils demanderont du temps ; élargir la plage du temps " préparation de chantier ", afin de diminuer le nombre des " productions d’imperfections " consommatrices de temps et de diminuer les temps d’attente sur chantiers (le bureau des méthodes a calculé que les gens travaillaient 70 % de leur temps, les 30 % étant des temps d’attente) ; tâcher de faire plus confiance aux opérateurs ; repenser les articulations entre acteurs et le positionnement de chacun dans la production.

Ces prémisses ont suggéré, pour la REX, l’établissement d’un travail plus approfondi avec la maîtrise d’œuvre et un allotissement plus fin. SAE C, dans la composition des lots, a opté pour le choix d’entreprises très spécialisées, en évitant les risques de sous-traitance en cascade, en composant des lots les plus définis possibles, en spécialisant au maximum les tâches (par exemple:  pose de tabliers de baignoires, pose des bouches d’extraction VMC par le menuisier…


Les grandes lignes d’un protocole à venir…

Alors que démarre le chantier de la REX, le protocole d’accord de l’entreprise n’est pas encore signé, un des syndicats en refusant certains termes. Il est envisagé d’organiser un referendum. Dans l’attente de la signature de l’accord, l’entreprise fonctionne sur la base de 39 heures hebdomadaires.

L’accord proposé alors porte sur la réduction du temps de travail, la modulation et l’annualisation.

  • les bulletins de salaire seraient le résultat d’un salaire annuel divisé par douze, quel que soit le nombre d’heures par mois. A la fin de l’année, si la différence heures réelles - heures théoriques joue en faveur des premières, des heures supplémentaires seront versées aux salariés.

  • pas de période haute ni basse, mais une modulation au cas par cas par chantier, sur la base de 37 heures hebdomadaires, les 2 heures au-delà des 35 étant "décompensées" sur d’autres périodes. Ces 37 heures se répartissant du lundi au vendredi : 7h30 du lundi au jeudi, 7 heures le vendredi.

  • pas de suppression des indemnités existantes (indemnités de transport et indemnités de repas en particulier). Par contre l’idée initiale d’une "indemnité ARTT" a été abandonnée.

  • affirmation du principe des embauches, sans précision de nombre.

Les négociations achoppent essentiellement sur le samedi : les ouvriers ne veulent pas que le travail du samedi soit obligatoire, mais organisé exclusivement sur le mode du volontariat (qui, lui, se négocie). On semble alors s’orienter vers un compromis : pas plus de 8 samedis travaillés par an, ni plus de deux par mois, les heures travaillées le samedi donnant lieu à une majoration de 35 % (avant l’accord, les heures du samedi bénéficiaient d’un coefficient de 1,5).

La proposition d’accord prévoit également une période de blocage des salaires dont la durée serait fonction de l’augmentation de l’indice des prix à la consommation : pas d’augmentation de salaire avant que cet indice ait augmenté de 6 % (période limitée, quoi qu’il en sot, à trois ans).

Il convient de préciser que l’un des ouvriers présents sur le chantier est aussi le négociateur des accords pour une des organisations syndicales.

La modulation serait assortie d’un délai de prévenance de 7 jours, avec une prime de 3 F / jour si, pour des raisons exceptionnelles, le délai ne peut être tenu, et d’une prime de temps d’habillage / déshabillage de 3 F / jour

Un accord particulier pour les cadres et ETAM est prévu, sur la base d’un forfait mensuel et en tenant compte des différents statuts de cadres :

  • cadres dirigeants : aucun changement

  • cadres autonomes (y compris cares de chanter) : leur forfait de jours travaillés est annuel : pas plus de 217 jours de travail annuel. ;

  • cadres intégrés aux équipes : ils travailleront dans la limite de 39 heures, avec un jour d’ARTT par mois (jours non cumulables, à programmer en début d’année)

  • cadres administratifs : ramenés à 35 heures sur la base de 37 heures mensuelles et un jour d’ARTT / mois.


… et les accords définitifs

.L’accord définitif se caractérise par une pus grande simplicité, et porte essentiellement sur les poins suivants :

  • 1600 heures travaillées par an, soit 35 heures par semaine, sous la forme de 37 heures par semaine, plus 11 à 12 jours d’ARTT (6 sur l’initiative du salarié, 6 à celle de l’employeur ; si la modulation aboutit à plus de 12 jours d’ARTT, les jours au-delà de 12 sont choisis par le salarié),

  • instauration d’une modulation avec une amplitude maximum de 43 heures et aucune journée inférieure à 7 heures (les périodes basses et les périodes hautes se compensent, les heures effectuées à partir de 44 heures donnent lieu à majoration dans le mois considéré ; les heures excédant les 1 600 heures annuelles donnent, en fin d’année, droit aux majorations et repos compensateurs légaux) ;

  • contingent d’heures supplémentaires conforme à la loi, soit 90 heures,

  • en compensation de la modulation, la rémunération de base est maintenue, et "lissée" sur 12 mois de 151,67 heures ;

  • il est créé une indemnité de 3 francs par jour pour habillage-déshabillage, prime également destinée à compenser les éventuels non-respects de délai de prévenance de sept jours…

  • l’accord prévoit la possibilité de 6 jours de travail par semaine – donc le samedi (lorsque les chantiers, par exemple de montage, l’exigent), sans pouvoir excéder huit samedis travaillés par an dans la période de modulation ; au-delà il sera fait appel au volontariat, et les heures du samedi sont majorées de 35%.