PERFORMANCE DU CHANTIER, LOGISTIQUE, ENCADREMENT


L'activité du conducteur de travaux

Le temps de travail global et le temps de travail effectif
Le temps de transport et les horaires de travail
Le temps de déjeuner
Les marchés
Les lieux
Les actions
Stratégies du conducteur


Le chantier devait permettre d'observer l'activité du conducteur quand il gère simultanément deux chantiers, ce qui aurait conduit à l'étude du binôme que forme le conducteur et le chef de chantier, cette étude conduisant à comprendre les formes qu'empruntent la coopération et la délégation entre ces deux acteurs. Au moment de la préparation de la Rex, le conducteur a fait part de son intérêt pour cette démarche, considérant que son temps de travail quotidien est fréquemment de l'ordre de douze heures ; que dans ces conditions il n'est pas toujours aisé de trouver un équilibre familial.

Les difficultés que le conducteur a rencontrées dans la gestion de son premier chantier ont fortement limité les possibilités d'observations. D'un principe accepté initialement qui prévoyait au moins quatre séries d'observation d'une semaine chacune, le conducteur a fait parvenir deux séries d'observations qui représentent au total six journées. 


Le temps de travail global et le temps de travail effectif

Le temps de travail global représente le temps au cours duquel le conducteur est mobilisé pour son travail. Il comprend le temps de travail effectif auquel est adjoint le temps de transport et le temps consacré au déjeuner. Le graphique illustre l'importance de ces différents temps. Pour ces six journées, on constate que temps de travail global varie de 11 heures 55 à 13 heures 55. Le temps effectif pour sa part varie de 9 heures 40 à 11 heures 55.


Le temps de transport et les horaires de travail

Le temps de transport est particulièrement variable puisque le moins important correspond à 40 minutes alors que le plus élevé est de 100 minutes. Les horaires de départ ne varient pratiquement pas. Le conducteur commence sa journée à 7 heures. Son retour varie dans une fourchette comprise entre 18 heurs 50 et 19 heures 30. Le conducteur essaie dans la mesure du possible de rentrer le soir à son domicile afin de prendre son repas en famille.

Le cas échéant, suivant l'importance ou l'urgence de certaines tâches, le conducteur poursuit son activité après son dîner familial. Le cas s'est présenté au cours de ces observations avec une activité professionnelle entre 20 heures 45 et 22 heures.


Le temps de déjeuner

Le temps de déjeuner est particulièrement court puisqu'il est compris en 20 et 60 minutes mais la majorité des observations font état d'un temps de déjeuner inférieur à 35 minutes. Le conducteur reconnaît avoir pris l'habitude de manger rapidement le midi, le plus souvent d'une quiche ou d'un sandwich avec un repas plus copieux le soir. Il l'explique par les deux chantiers à gérer. Dans le cas d'un chantier unique, le conducteur prend le temps d'un véritable déjeuner. Ce temps de déjeuner correspond à une stratégie de déplacement particulière où le conducteur vient au siège tout en alternant sa présence sur ses chantiers.


Les marchés

Le graphique regroupe le temps consacré à quatre activités principales : les deux chantiers, les tâches administratives autres que celles qui sont nécessaires à la gestion des chantiers, les tâches qui ne peuvent être classées. La proportion consacrée aux deux chantiers varie de 35 à 70%; le mardi est consacré aux réunions de coordination.


Les lieux

La répartition se fait principalement suivant trois lieux de travail, chacun des deux chantiers mais aussi le siège de l'entreprise où le conducteur possède un bureau. D'une manière générale, quand le conducteur est présent sur un chantier, son activité est consacrée à ce chantier. Par contre, à son bureau, il traite des deux chantiers en fonction des urgences. On peut constater que le conducteur se déplace chaque jour entre ces trois lieux principaux: le temps de ces déplacements peut représenter jusqu'à 15% du temps de travail effectif. Pour limiter l'importance de ce temps de déplacement, le conducteur a adopté deux stratégies particulières. La première réside dans un changement de chantier pendant l'heure de déjeuner avec éventuellement un passage au siège. Il y a dans ce cas un seul passage au siège. La deuxième stratégie correspond à deux passages au siège avec un premier en début de matinée avant de partir sur un chantier et le second en fin de journée avant de repartir pour son domicile. Le conducteur a commenté cette deuxième stratégie par le fait qu'il est difficile de travailler avec les chefs de chantiers en début de journée. En effet, c'est à ce moment que les chefs de chantier animent leur chantier.


Les actions


Stratégies du conducteur

Le conducteur essaie de limiter les difficultés qu'entraînent ses fréquents déplacements en ayant un équipement informatique complet sur chaque chantier. Il a fait acheter une imprimante laser pour ce chantier, ce qui lui permet une impression immédiate de documents de qualité. Cette démarche lui évite de sauvegarder les fichiers qu'il vient de saisir pour les imprimer ultérieurement lors de son passage au siège. Il en va de même avec une photocopieuse qu'il déplace sur chacun de ses chantiers. Il préfère investir dans des baraques de chantier équipées de climatisation ce qui lui permet de travailler, ainsi que l'ensemble des ouvriers du chantier, dans des conditions acceptables.

Comme la plupart des conducteurs, celui-ci note que son activité est maintenant fortement composée de tâche administrative et de gestion. Cette situation provoque une forme de délégation puisque les aspects techniques du chantier, dans sa phase de gros œuvre, vont être assurés par le chef de chantier. Cette situation a été d'autant plus renforcée sur ce chantier que le conducteur a rencontré des difficultés sur le deuxième chantier qu'il gérait. Mais cette délégation est ponctuelle et correspond à une confiance entre les deux acteurs.

Les conducteurs sont assistés par un secrétaire qui assure la frappe et la diffusion des comptes-rendus des réunions de coordination. Cette gestion collective présente ses limites quand les conducteurs ont des documents urgents à diffuser. C'est ainsi que le conducteur du chantier expérimental a préféré consacrer deux heures de son temps à la diffusion d'un document, ce qui représente un temps jugé en soit inutile, mais qui lui permet d'avoir la certitude que son document a été expédié dans le délai prévu. 

Sinon ce conducteur préfère regrouper le même jour ses réunions de coordination. Cette politique lui bloque une journée entière avec une charge de travail importante pour assurer la rédaction du compte-rendu, mais en contrepartie cela lui permet de se consacrer pleinement aux autres tâches du chantier pendant le restant de la semaine.

La gestion de deux chantiers renforce la gestion de l'activité en fonction de priorités et d'urgences, c'est-à-dire que cela renforce la gestion des tâches à court terme sur les tâches à moyen et long terme. L'équilibre est précaire entre une activité assurée "normalement" et une situation en débordement. Les tâches de gestion - tâches à moyen terme - ont en principe une régularité mensuelle: elles sont assurées fréquemment en débordement. Suivant les propos du conducteur, une partie des tâches de gestion devrait être assurée par des assistants conducteurs.