PERFORMANCE
DU CHANTIER, LOGISTIQUE, ENCADREMENT
L'ARTT et le
gros œuvre
L'abandon
de l'organisation en quatre jours
Organisation
avec des équipes décalées : appréciation des intéressés
L'abandon
de l'organisation en quatre jours
Le projet initialement proposé au Puca se
proposait d'appliquer une organisation d'un temps de travail de quatre
jours à un chantier de réhabilitation et de logement neuf afin de
constater sur quels points singuliers allaient porter les recherches
de performance. Cette recherche comparative n'a pu être menée à son
terme en raison de l'aménagement de l'organisation du chantier intervenu entre temps. En effet, le service Méthodes a effectué
plusieurs simulations de l'organisation du chantier. Elles ont permis
de montrer que l'organisation en quatre jours est à l'origine de
facteurs défavorables (moindre rentabilité du
gros œuvre) mais également qu'elle risque de susciter
des fatigues supplémentaires pour les ouvriers. Ce phénomène étant renforcé par la période estivale.
Des
réserves et des prudences de la part des acteurs en amont du chantier
Le thème de l'expérimentation a quelque peu
étonné les acteurs en amont du chantier: ils étaient, à
l'exception du service Méthodes, confrontés pour la première fois
à ce type d'organisation sans pouvoir s'appuyer sur l'expérience
personnelle ou sur des situations de référence. La seule
connaissance d'un temps de travail atypique concerne une entreprise
générale de la région, concurrente, qui applique un temps de
travail de 4,5 jours pendant la phase de gros œuvre qui ne semble
pas, a priori, provoquer une incidence sur le délai de réalisation.
L'entreprise générale applique
l'ARTT depuis moins d'un an, ce qui est insuffisant pour avoir une
connaissance élargie de l'ensemble des effets induits. Seule
l'incidence sur le coût de la main d'œuvre semble parfaitement
connue, mais sans corrélation avec la performance obtenue. Plusieurs
acteurs ont marqué une réserve quant au temps de travail sur
quatre jours. Le premier sentiment du maître d'ouvrage, du maître d'œuvre et
de l'entreprise générale, est que ce temps de travail est plus aisément applicable à une
opération de réhabilitation qu'à une opération de logement neuf.
L'acteur le plus réservé est l'architecte pour qui ce type
d'organisation provoquera peut-être une productivité plus
intéressante, mais qui s'accompagnera de surcoûts inévitables
liés au faible usage du matériel lourd comme la grue auquel
viendrait s'ajouter des frais de gardiennage si le chantier est fermé
trois jours d'affilés pendant le week-end. De même il lui semble
délicat que les entreprises s'inscrivent dans une
démarche aussi innovante qui va à l'encontre des organisations
pratiquées jusqu'à ce jour.
Au cours des réunions préalables, il est apparu
que les préoccupations du maître d'ouvrage concernent
essentiellement les résultats (coûts, délai, qualité) du projet
plutôt que l'organisation ou les moyens qui permettent de les
obtenir. Mais après un remaniement de l'équipe dirigeante,
cette appréciation doit être modulée en raison de l'intérêt porté à certaines questions sociales du
chantier en particulier les conditions de travail et de sécurité.
La préoccupation du service commercial est
d'assurer le projet dans les conditions qui ont été négociées tout
en assurant une démarche expérimentale qui repose en partie sur une
réflexion interne à l'entreprise. Le principe énoncé par son
responsable est de trouver une performance équivalente qui permette
d'amortir l'augmentation du coût de la main d'œuvre engendré par la
loi Aubry sans qu'il y ait de pertes de coût, de délai, de
sécurité, de qualité et des conditions de travail. La démarche
proposée au conducteur et au service Méthodes est de cerner les
sources de perte de performance qui peuvent profiter d'une réflexion
préalable. En particulier, le thème consacré à la logistique
pouvant amorcer une réflexion avec les industriels et les
fournisseurs pour qu'ils développent des matériaux qui s'inscrivent
dans le cadre d'une diminution du temps de travail.
Cette préoccupation a été confortée par
l'opinion du conducteur qui n'est pas convaincu que les entreprises de
second oeuvre soient réellement intéressées par un temps de travail
de 4 jours, la loi Aubry ne rentrant pas dans leurs préoccupations.
Les
scénarios explorés
Au début de la préparation du chantier, le
service méthodes a effectué plusieurs simulations d'un temps de
travail de quatre jours pour déterminer l'impact sur l'organisation
du chantier, son délai et les conséquences quant à son coût.
Chaque simulation comportait une condition
identique, la fermeture du chantier pendant deux semaines au
mois d'août. En réalité, la décision a été prise par la
suite d'arrêter le chantier pendant trois semaines. Avec le début de
chantier prévu initialement,
les bâtiments devaient être hors d'eau avant l'interruption du chantier.
Avec le décalage de deux mois, cette hypothèse s'est infirmée, le gros œuvre ne pouvant pas être terminé à la date de
fermeture. Mais cela n'est pas eu d'incidence sur
la qualité de la construction, ni entraîné de conséquences
désagréables comme d'éventuels vols, les matériels et les
matériaux sensibles ayant été retirés du chantier.
La décision de fermeture du chantier fait partie
des premiers enseignements que l'entreprise générale cumule depuis
l'application de son accord ARTT. En effet, l'année précédente, les
chantiers ont été maintenus ouverts tout en permettant aux ouvriers
de prendre leurs congés, le personnel étant remplacé par des
intérimaires - avec des résultats peu satisfaisants sur
le plan de la qualité et parfois des retards. Dans le cadre de l'ARTT, ce phénomène
peut donner lieu à plusieurs interrogations. En premier lieu sur la
justesse des prévisions du service Méthodes puisque les temps unitaires qui sont employés pour établir les plannings
prévisionnels reposent sur une notion de collectifs stables de
travail. Ils s'appliquent plus difficilement à des collectifs
recomposés, cette recomposition pouvant atteindre 75 % (un ouvrier salarié et trois
intérimaires). En second
lieu, sous la forme d'un constat: l'ARTT ne
se maîtrise pas au cours de la première année d'application quand
l'entreprise maintient son organisation à l'identique, sans anticiper
et accompagner le changement. Pourtant, de nombreux enseignements
concordants, tirés des entreprises du secteur ayant signé un
accord de type Robien, étaient disponibles au moment de la période
de négociation de l'accord de l'entreprise générale. Il indiquaient
notamment que les accords ARTT devaient être accompagnés
afin d'adapter les circuits informationnels et décisionnels.
Les
pistes abordées ou évoquées
Avant d'aborder les scénarios qui ont été
explorés, il semble utiles d'indiquer les pistes de réflexions qui
ont été abordées au cours des différentes réunions du groupe de
pilotage régional. Elles se concentrent essentiellement autours de la
possibilité de chantier sans grue, des modes constructifs différents
en particulier des chantiers tout en préfabrication ou utilisant le
principe de poteau poutre. Le fait d'indiquer ces éléments permet de
comprendre en partie pourquoi certaines organisations s'entretiennent
dans le temps. Schématiquement, elles profitent des expériences et
compétences accumulées, l'entreprise suivant un principe
d'incrémentation prudent où l'innovation est envisageable dans la
mesure où les facteurs de risques sont cernés et a priori limités.
Cela explique que les solutions adoptées pour le
chantier expérimental soient cantonnées à l'intérieur du champ de
connaissances et de compétences de l'entreprise.
L'entreprise générale considère que ce principe n'est pas adapté
à l'emploi du béton. En l'absence de grue, on pourrait réaliser les séparatifs des logements avec du parpaing plein en
contrepartie de l'usage des banches. Dans ce cas, il est nécessaire
d'utiliser un engin
de levage de chantier de type Manitou, ce qui semble raisonnable
jusqu'à une élévation de deux étages. Mais la quantité de travail
reste inférieure à celle qui est obtenue avec les banches, à moins
d'augmenter le nombre des ouvriers sur le chantier. Le nombre
et la fréquence des manutentions représentent alors une source de
dégradations des conditions de sécurité et de travail.
Une autre variante reposerait sur l'emploi de
coffrages perdus pour remplacer les banches. Plusieurs remarques ont
été formulées. La première concerne la logistique de ce type de
matériau qui, bien qu'il soit considéré comme manuportable,
représente une dégradation certaine des conditions de travail. De plus, le temps de coffrage
est plus important que par l'emploi de banches. L'état de surface obtenu
nécessite un travail de finition beaucoup plus important, ce qui va à
l'encontre du souci de la performance économique puisque le coût
d'un finisseur est généralement supérieur à la moyenne du coût
habituel des ouvriers du gros œuvre.La grue
représente une source de performance et d'amélioration des
conditions de travail pour les entreprises de second oeuvre, en
particulier le charpentier, le plaquiste, les menuiseries PVC, la VMC
puisqu'une partie de la logistique du chantier est assurée par elle
(approvisionnement des situations de travail).
Ce principe de chantier sans grue étant peu usité en France, l'entreprise générale n'est pas en mesure
d'estimer son coût, ni son impact sur la sécurité, la qualification
des ouvriers ou les conditions de travail. Par contre,ce type d'organisation est plus adapté aux pays dont le coût de
la main d'œuvre est peu élevé.
Plusieurs autres possibilités ont
été évoquées en particulier l'évolution des principes constructifs
que le maître d'ouvrage précise rarement dans les documents des marchés, tout au moins pour le bâtiment social.
Même sans précision, les acteurs en présence se
réfèrent spontanément aux usages établis. En particulier, le
principe constructif de poteaux poutres et façades rapportées sera
employé pour des bureaux mais pas pour des logements. Il en va de
même pour l'emploi de dalles alvéolées.
Chaque région comporte ses
usages spécifiques. C'est ainsi que les architectes de la région
toulousaine acceptent plus facilement des joints des prédalles dans
les pièces alors que cette solution est impensable en région
parisienne malgré l'évolution des colles mastics qui permet de
rendre invisible les joints de raccord.
Autre sujet abordé qui indique une évolution de l'organisation:
il y a moins de vingt ans, la taille des
marchés autorisait l'emploi d'une préfabrication lourde où les
verticaux et les horizontaux étaient fabriqués industriellement. Cette période est révolue avec des organisations
de chantier beaucoup plus flexibles et adaptées à des chantiers de
taille plus restreinte, ce qui profite à la mise en valeur des
compétences des ouvriers.
Les prestations de l'entreprise générale et les compétences internes de son personnel s'inscrivent dans cette
mouvance, ce qui explique en partie la difficulté de modifier
radicalement l'approche du chantier. La démarche adoptée est de
perfectionner sans cesse l'existant sans réinterroger simultanément
les principes sur lequel ils reposent. L'ARTT et sa
nécessité de performance sont abordés principalement par la
recherche d'un équilibre entre le coût de la main d'œuvre et le développement
de la productivité sans interroger les effets induits sur les conditions de travail, de sécurité, de santé, ni
sans reformuler les compétences utiles ni l'évolution du management des équipes.
La
comparaison des simulations réalisées
Certaines conditions posées par le service
méthodes restaient
identiques dans les différents scénarios en particulier la
sous-traitance du coulage et du surfaçage des planchers, qui est une particularité du gros œuvre
dans l'entreprise générale, le principe ayant été entériné il y a
environ une décennie. Cette décision oriente l'organisation et le
planning du gros œuvre, puisque l'entreprise sous-traitante n'intervient
que lorsqu'il est prévu une surface minimale de plancher. Pour ce
chantier, cela entraînait une organisation par bâtiment, la
préparation et le coulage des planchers dans un bâtiment pendant que
les voiles sont réalisés dans le second. Cela a transformé les compétences des ouvriers,
devenus avec le temps moins performants pour le coulage des
planchers. À l'avenir, on peut imaginer que
l'évolution des bétons auto-nivellant pourrait
permettre de s'affranchir de la prestation de ce sous-traitant sans
que l'entreprise ait besoin de faire "réacquérir" à ses
salariés les savoir-faire relatifs au coulage et au vibrage des
planchers. Autre constante, les prédalles et les balcons sont
achetés préfabriqués plutôt qu'élaborés sur le
chantier.
La première simulation correspond à une organisation du
gros œuvre sur la base d'un temps de travail hebdomadaire de cinq
jours. Elle correspond à l'organisation qui a été appliquée au
chantier. Le planning est défini pour que les bâtiments soient hors
d'eau avant la fermeture du chantier. Le temps de travail quotidien
pendant la phase de rotation est de sept heures pour les ouvriers de
l'entreprise générale et de huit heures pour les ouvriers
intérimaires. Les horaires de travail sont décalés entre les
équipes planchers et voiles afin de limiter la saturation de la grue.
Cette simulation a servi de référence pour établir les deux autres.
La seconde correspond à l'application d'un temps
de travail de quatre jours avec des cadences de pose identiques à la
première simulation. La mise hors d'eau
intervient cinq semaines plus tard que la simulation précédente, dont
deux semaines de fermetures du chantier pour congé.
La troisième simulation correspond à un temps de
travail de quatre jours avec une mise hors d'eau avant la fermeture du
chantier. Elle fait apparaître une augmentation des cadences de pose
peu réaliste compte tenu du budget du projet en particulier pour le
maçon qui serait dans l'obligation d'affecter plusieurs compagnons
supplémentaires pour tenir le délai.
|
Cadence journalière |
Nombre de jours |
|
Simulation 1 |
Simulation 2 |
Simulation 3 |
Simulation 1 |
Simulation 3 |
Fondations |
20,9 m3 |
18,6 m3 |
27,8 m3 |
8 j |
6 j |
Libage |
47,0 ml |
37,6 ml |
62,7 ml |
8 j |
6 j |
Réseaux sous dallage |
8 j |
10 j |
6 j |
8 j |
6 j |
Dallage |
99,6 m2 |
89,6 m2 |
128,0 m2 |
9 j |
7 j |
Rdc verticaux |
12,5 ml |
12,5 ml |
14,8 ml |
13 j |
11 j |
Rdc maçonnerie |
47,0 m2 |
47,0 m2 |
55,6 m2 |
13 j |
11 j |
Rdc horizontaux |
83,0 m2 |
83,0 m2 |
98,2 m2 |
13 j |
11 j |
R+1 verticaux |
13,2 ml |
13,2 ml |
15,8 ml |
12 j |
10 j |
R+1 maçonnerie |
51,2 m2 |
51,2 m2 |
61,4 m2 |
12 j |
10 j |
R+1 horizontaux |
90,0 m2 |
90,0 m2 |
108,0 m2 |
12 j |
10 j |
R+2 verticaux |
11,9 ml |
11,9 ml |
15,9 ml |
12 j |
9 j |
R+2 maçonnerie |
51,2 m2 |
51,2 m2 |
68,2 m2 |
12 j |
9 j |
R+2 horizontaux |
17,3 m2 |
19,0 m2 |
21,1 m2 |
11 j |
9 j |
Charpente |
14 j |
14 j |
13 j |
14 j |
13 j |
Couverture |
15 j |
15 j |
15 j |
15 j |
15 j |
Commentaires
des simulations
La comparaison des différentes simulations fait
apparaître que le temps de travail de quatre jours est peu réaliste
comparé à un temps de travail de cinq jours. En effet, pour que le
délai soit identique cela nécessite une augmentation de la
production quotidienne que l'allongement du temps de travail quotidien
ne peut à lui seul résorber. Il y aurait l'obligation d'affecter des
ouvriers supplémentaires ce qui affecte les conditions de travail et
de sécurité. De même, le temps de travail quotidien est proche de
neuf heures ce qui est peu satisfaisant pour les ouvriers qui
préfèrent que leur temps de travail soit de sept heures.
Avec ce temps de travail, l'objectif quotidien de
l'équipe des verticaux passerait de 13 à 16 mètres linéaires et
celui de l'équipe des horizontaux de 90 à 108 m2, or 90 m2
représentent déjà "une bonne cadence". Par contre,
l'augmentation de cadence se répercute directement chez le maçon
sous traitant avec le passage de 52 à 62 m2 par jour, ce
qui signifie une augmentation de ses effectifs d'au moins deux
ouvriers. De plus, il risque fortement de devenir l'acteur le plus
sensible du chantier en se retrouvant pendant toute la durée du gros
œuvre sur le chemin critique. Dans ces conditions, la bonne marche du
chantier et le respect du planning dépendent de ce prestataire, ce
qui ne correspond pas à la mission de l'entreprise générale qui
assure au maître d'ouvrage que l'organisation qu'elle met en œuvre
est fiable. Ce temps de travail risque de ne pas être accepté par
l'entreprise sous-traitante, qui doit augmenter ses effectifs pour un
montant de prestation identique. De plus, avec le vendredi chômé,
elle n'est plus en mesure d'assurer une répartition régulière de
son personnel tout au long de la semaine sur les chantiers qu'elle
réalise. Dans ces conditions, il est fort probable qu'elle ne
réponde pas aux consultations.... Par ailleurs, l'augmentation des cadences renforce
fortement la saturation de la grue ce qui devrait contribuer à un
décalage important entre les équipes, et au
développement d'horaires atypiques de travail.
En cherchant à respecter un délai identique à
celui d'une organisation de cinq jours, il apparaît que la rotation
doive être réduite pour passer de 12 à 8 jours ce qui représente
une préparation et une répartition des tâches de la
journée qui devrait logiquement s'accompagner d'une réduction
importante des temps improductifs. Ce phénomène contribuerait ainsi
à une dégradation des conditions de travail.
Interrogation
sur l'impact d'un temps de travail quotidien élevé
Un autre phénomène est défavorable
au développement d'un temps de travail de quatre jours, l'allongement du temps de travail quotidien qui, dans ces conditions,
avoisine les neuf heures. Suivant l'expérience du responsable
Méthodes sur des chantiers en région parisienne, la neuvième heure
s'avère être peu productive en raison de la fatigue accumulée par
les ouvriers. Selon cet acteur, il est préférable de bien préparer
le travail quotidien afin que le temps de travail soit de 7 heures.
On constatera les différences de représentations entre les acteurs de la
production et les autres membres de l'entreprise générale. Là où
les ouvriers considèrent que le temps de travail doit être le plus
constant possible tout au long de l'année, certains membres de
l'encadrement pensent que la variation du temps de travail a une incidence minime. Dans ces conditions l'annualisation permet
d'envisager l'alternance des périodes hautes et des périodes basses.
Certains acteurs affichent leur
réserve quant à cette hypothèse qui, selon eux, vient
en opposition avec l'attitude des compagnons quand ils sont affectés
sur des chantiers éloignés (grand déplacement) au cours desquels
ils acceptent des temps de travail longs. Auparavant le temps de travail sur les chantiers était
d'au moins de 42 heures et les ouvriers ne manifestaient pas de
fatigues excessives. Ces propos illustrent une méconnaissance du travail et de la santé au
travail. Ils permettent de légitimer et d'entretenir les conditions
de travail à leur niveau actuel sans permettre d'amélioration
notable.
Mais les discutions autour du temps de travail furent
aussi l'occasion de marquer les positions, les représentations que
certains acteurs ont du travail et de ses conditions, et de s'apercevoir que les effets à longs terme ne sont que très
imparfaitement connus et acceptés.
Remarques
et commentaires
Sur la base des informations du service méthodes,
le thème envisagé initialement a été aménagé au profit d'une
organisation sur cinq jours.
La décision a été prise sur des simulations
portant sur le gros œuvre et non sur l'ensemble du chantier. Dans ces
conditions, il est délicat de considérer parler de la
performance du chantier mais plus de la performance d'une des phases
du chantier et de l'un des acteurs, même si la performance du gros œuvre se répercute sur
le second œuvre en limitant la coactivité. Les
simulations permettent une comparaison de temps et de quantité de
pose, mais n'abordent pas le coût des différentes hypothèses ce qui
limite la portée de l'analyse. De même, la comparaison des
différentes simulations ne tient pas compte de certains aspects
sociaux ou des répercussions sur les conditions de travail ou de vie
des salariés.
Les méthodes et les outils de prévision
utilisés par le service méthodes s'adaptent au profil de chaque
projet. Or, dans le cas qui nous intéresse, les enjeux sont
insuffisants pour que la réflexion préalable emprunte d'autres
schémas que ceux qui sont utilisés habituellement, ce qui limite l'innovation organisationnelle
attendue
dans le cadre d'un chantier expérimental. En particulier un travail
en amont de leur prestation avec les entreprises de second oeuvre n'est pas envisageable:
une organisation classique de 5
jours est suffisante à garantir, sauf causes exceptionnelles, une
performance pour le projet et pour chacune des entreprises. Une
réflexion avec les entreprises du second œuvre n'était pas aisée, le chantier
ayant lieu pendant la période de transition ou les
entreprises de moins de 20 salariés n'ont pas l'obligation
d'appliquer la loi Aubry. La période
faste que rencontrent les entreprises limite considérablement leur
participation à une réflexion préalable.
Les outils de prévision utilisés
par le service méthodes reposent sur des ratios définis sur des
situations connues avec une adaptation des moyens aux
caractéristiques du projet. Or, il est possible de considérer que le projet de Launaguet ne permet pas les
conditions nécessaires à une innovation importante (bâtiment
social, budget limité, matériaux classiques …). La logique développée, qui se concentre
sur la saturation de la grue et aboutit à la détermination des
effectifs et des horaires de travail, la méthode des
ratios, qui aboutit à la prévision, ne donnent pas la dimension
humaine du travail. Elles se basent sur les aspects productifs en
écartant les répercussions sur les acteurs autres que les ouvriers,
en particulier en occultant le travail de l'encadrement, dont la charge de travail nécessite une répartition des tâches qu'il
assure auprès d'autres acteurs. Elle ne prend pas non plus comme
hypothèse les modifications du travail avec notamment la
recomposition des métiers, la répartition des tâches entre les
acteurs du chantier comme entre le conducteur et le chef de chantier.
Un temps de travail de 4 jours va à
l'encontre des principes que le service méthodes emploie, qui privilégient l'augmentation du temps de grue. De ce fait un temps de
travail de 4 jours est "un contresens à notre logique".
Cette logique d'allongement du temps de grue
conduit à une logique d'ouverture du chantier pendant six jours avec
des rotations d'équipes. Mais ce type d'organisation est délicat à
ajuster pour respecter la législation qui prévoit un repos
hebdomadaire de deux jours consécutifs dont le
dimanche. Les rotations à trois équipes ne conviennent
pas. Il faut alors envisager des rotations à quatre équipes, qui mobilisent pour un chantier un effectif important de main d'œuvre.
Celui-ci doit être en proportion avec les effectifs de l'entreprise
pour que celle-ci ne fonctionne pas par à-coups. Il y a
une corrélation entre le type d'organisation proposée pour un
chantier et l'importance des effectifs de production de l'entreprise.
Face à l'argument d'une
innovation limitée, le responsable méthodes précise que le
nombre de nouveauté sur ce chantier expérimental est plus
important que sur les autres chantiers qu'il traite habituellement.
On pourrait rechercher une organisation qui modifie les paramètres du temps de
travail quotidien avec des équipes décalées et en augmentant le
temps de grue, ce qui a été fait sur ce chantier. On pourrait
augmenter le nombre de grues
ou de recherche d'autres modes constructifs comme le coulé sur place
à l'aide d'une pompe à béton pour les planchers ce qui rend le
chantier plus flexible mais aussi provoque une incidence sur le coût.
D'autres démarches d'optimisation peuvent
également intervenir avec des études détaillées sur la structure
du bâtiment. Un des exemples cités
envisage l'emploi de prédalles précontraintes qui représentent un
temps de pose nettement inférieur aux solutions de coulage de béton
sur place, mais alors les maçons poseurs de parpaing sont sur
un chemin critique.
Organisation
avec des équipes décalées: appréciation des intéressés
L'organisation
mise en oeuvre
L'organisation adoptée représente une innovation
pour une entreprise générale de cette importance. Le
service Méthodes a proposé un lissage du temps de travail de façon
à éviter qu'une partie des compagnons ait à récupérer à la fin
du chantier ou en fin d'année des heures effectuées en
sus des horaires de travail. Ce lissage est appliqué aux quelques
compagnons qui réalisent les différentes phases du chantier. Il
aboutit à un temps de travail quotidien de neuf heures pendant
l'installation du chantier et les fondations, un temps de travail de
sept heures pendant les rotations, puis un temps de travail de six
heures pendant les finitions. Ce lissage du temps de travail a
concerné cinq compagnons sur les dix-sept qui ont participé à la
production.
Cette mesure
représente une forme de régulation à la modulation annuelle
proposée par l'entreprise. Elle permet d'éviter en grande partie un
des principaux écueils de la première année d'application, où une
partie des compagnons s'est retrouvée avec des compteurs positifs à
la fin de la période de référence de la modulation, ce qui a
entraîné la prise de journées de récupération.
Pendant la phase relative aux rotations, les
équipes des verticaux et des horizontaux ont été décalées d'une heure. Les horaires de la pause déjeuner restaient identiques
pour l'ensemble du chantier. Le temps de travail était de sept heures
pour les ouvriers de l'entreprise générale et de neuf heures pour
les intérimaires. Ces derniers restaient avec le chef d'équipe
après le départ de leurs collègues.
Le responsable méthodes considère qu'il est
possible de réaliser la même quantité de travail en sept heures
qu'en huit heures, en organisant différemment le travail. Déjà par
un travail d'optimisation de la structure qui réduit sensiblement le
nombre d'heures, mais aussi par une étude minutieuse de la
saturation de la grue, par la réduction des temps improductifs, enfin
par un dosage entre des prestations internes ou sous-traitées. L'organisation envisagée par le service
méthodes a été adaptée pour correspondre à la
réalité. Si le planning a été respecté,
l'analyse des temps attribués aux différentes tâches indique
plusieurs écarts importants pouvant aller jusqu'à quinze pour cent.
Le premier concerne l'équipe des horizontaux qui ont assisté les
maçons sous-traitants pour des tâches relatives à la sécurité et
au nettoyage. Indépendamment des indicateurs quantitatifs, les
relations entre les ouvriers de l'entreprise générale et les maçons
ont été tendus à plusieurs reprises.
Le
lissage du temps de travail des ouvriers
Cette organisation permettait aux différents
intéressés de satisfaire leurs attentes. Pour certains, un temps de
travail de sept heures correspond à leur vision du temps de
travail de 35 heures. Pour les intérimaires, leur rémunération
était basée sur un temps de travail de 39 heures. Cette disposition
permet de conserver pendant plusieurs chantiers les ouvriers
compétents.
Plusieurs
temps de travail ont cohabité en fonction du statut des ouvriers ce
qui représente une nouveauté sur les chantiers. De même, les
tâches n'ont pas été assurées à l'identique, les intérimaires
restant après les ouvriers pour assurer le coulage du béton des
voiles. Autrement dit, avec cette organisation, le statut induit une
variation des conditions de travail, les intérimaires assurant les
tâches les moins favorables, les plus manuelles et les ouvriers assurant des tâches plus nobles comme les réglages.
L'appréciation
du conducteur de travaux
Le conducteur de travaux est peu séduit par une
organisation du temps de travail de quatre jours. Une de ses raisons
est que le temps de travail
quotidien des ouvriers augmente. Or, depuis la signature de l'accord,
le personnel n'apprécie plus les temps quotidiens importants: la modulation entraîne un décompte annuel des heures
supplémentaires qui se répercute sur la rémunération. Ce
phénomène est amplifié par le fait que les jours de récupération
se traduisent par l'absence de paiement de certaines primes (panier ou
déplacement).Le conducteur considère que cette organisation pénalise la
rentabilité du gros œuvre par des coûts supplémentaires dus à la
location du matériel. Cette opinion diffère de celle du responsable
du service méthodes qui considère que ces coûts sont marginaux par
rapport à la bonne marche du chantier.
Le conducteur considère qu'avec un temps de
travail de ce type, les dysfonctionnements ont une
répercussion immédiate, ce qui rend le planning moins fiable
et le travail des ouvriers plus tendu, avec des à-coups. Il n'est pas favorable à une
organisation qui prévoit l'ouverture des chantiers pendant quatre
jours et demi, car la demi-journée apparaît comme peu rentable pour
les ouvriers qui se retrouvent avec un temps de transport important
pour un temps de travail faible. Pratiquement toutes les
activités du chantier provoquent un temps d'installation et de repli
qui laisse un temps de travail effectif faible. Le rythme de travail n'est pas obtenu instantané mais profite d'une montée en puissance.
Le conducteur confirme ses
appréhensions et demeure convaincu que cette
organisation ne correspond pas aux pratiques actuelles, ni à la
mentalité des entreprises de second oeuvre. Par contre, il est séduit par la
solution adoptée par une entreprise du groupe qui ferme le chantier
pendant une journée complète chaque mois. L'ensemble du personnel,
ouvriers et cadres, est concerné par cette mesure, ce qui permet à
chacun soit de récupérer pour la plupart des ouvriers les heures
supplémentaires effectuées dans le mois et pour l'encadrement de
prendre effectivement leur journée ARTT.
L'appréciation
du chef de chantier
Le chef de chantier
indique qu'il a aménagé légèrement l'organisation
envisagée par le service méthodes. Au lieu de pratiquer un temps de
travail de neuf heures pendant l'installation du chantier et les
fondations, il a préféré appliquer un temps de travail de huit
heures pendant les fondations ce qui était suffisant pour tenir le
planning sans provoquer de fatigues supplémentaires. Il constate plusieurs changements de pratiques de la
part des ouvriers en particulier sur le désir de ne plus effectuer
des heures supplémentaires. Cette préoccupation se répercute sur
son activité car "il faut s'organiser quotidiennement pour
éviter cela". Le chef de chantier considère que cela nécessite
une anticipation plus importante qui va se traduire par un temps
d'étude qu'il ne peut consacrer au suivi effectif du chantier. De ce
fait, il est dans l'obligation de travailler de concert avec ses chefs
d'équipes, avec l'idée qu'il faut "savoir déléguer au bon
moment". Par rapport à
l'organisation élaborée par le service méthodes, le chef de
chantier considère que le budget temps est maintenant insuffisant et
que cela provoque une cadence trop élevée pour les ouvriers. Il regrette l'absence de communication directe
avec le service méthodes, ses interrogations étant relayées par
le conducteur de travaux, voire le directeur de travaux.
Les seuls rapports directs apparaissent dans des circonstances bien
précises, quand les relevés font apparaître des différences de
main d'œuvre. Or, il lui semble plus judicieux et plus
rapide de communiquer directement avec les personnes concernées
plutôt que de passer par une hiérarchie.
Ces propos renvoient à
la possibilité
de faire faire en sept heures ce qui est fait habituellement en huit,
ce qui est plus subi qu'accepté par le
chantier. Ce qui est proposé par le chef reviendrait à
adopter une logique de conduite de projet avec des réunions de travail
pendant la préparation du chantier entre conducteur, chef de
chantier et services méthodes, ce qui permettrait à chacun de s'inscrire dans le projet.
Concernant son propre
temps de travail, le chef de chantier espère que la formation en
cours de certains chefs d'équipe comme adjoint chef de chantier lui
permettra d'avoir des horaires plus raisonnables et surtout
l'autorisera à prendre les journées ARTT. Cette formation intervient après le
constat de l'importance du dépassement du temps de travail de
l'encadrement de chantier consécutif à l'application de l'accord
ARTT.
L'appréciation
des ouvriers
Les ouvriers ont souligné que le
temps de travail constant tout au long de leur intervention ainsi que
le nombre limité d'aléas quotidien rendaient ce chantier beaucoup
plus agréable que le précédent, où il était
fréquent de dépasser les horaires en raison notamment de l'arrivée
tardive du béton. Ce qui a entraîné la prise de plusieurs
journées de récupération, et a réduit la rémunération (absence de certaines primes).
Ils considèrent qu'il est souhaitable de respecter les horaires de travail, ce qu'ils ont appliqué sur
ce chantier d'autant plus aisément que les intérimaires restaient
pour poursuivre et terminer le travail de la journée. Les compagnons considèrent que ce découpage du
travail améliore leur état général et leurs conditions de travail
car ils n'assument plus certaines tâches comme le coulage et le
vibrage du béton pour l'équipe des voiles. De même, le temps de
travail de sept heures améliore doublement leur vie privée car au
moment de leur départ à seize heures la circulation est encore
fluide. De ce fait, le temps de transport est moins important pour eux
que celui des ouvriers qui partent une heure plus tard. La différence
pour un des ouvriers représente environ une demi-heure avec un temps
de transport de 45 minutes au lieu d'une heure quinze le matin. Les
ouvriers ont de meilleures conditions de transport qui se répercutent
sur leur confort de vie et leurs relations familiales en particulier
dans leur relation avec leurs enfants, ce temps pouvant être
consacré pour les loisirs ou au suivi de leur scolarité.
Par contre, les compagnons indiquent que
l'organisation du chantier a évolué depuis l'application de l'accord
ARTT. Les compagnons ressentent qu'ils font "le boulot de huit
heures", que "les chantiers sont de plus en plus
courts" ou qu'ils vont "trop vite". Selon eux, cela se
traduit par des temps de pauses moins importants
qu'auparavant. La fatigue est
identique alors que l'entreprise attendait qu'elle soit moins
importante en raison de certaines tâches en moins. Ce qui
signifierait que l'organisation a modifié certains composants du
travail qui augment l'importance de la fatigue psychique par
rapport à la fatigue physique?
Les ouvriers ont également souligné l'apparition
d'une sensibilité de l'organisation du chantier en précisant qu'une
situation peut se dégrader beaucoup plus rapidement qu'auparavant. Le
rythme soutenu de travail est possible "quand tout s'enclenche
bien, sinon c'est galère", les situations devenant délicates à
gérer.
Du fait de l'importance restreinte de l'effectif, les ouvriers se connaissent tous. Par contre, les relations sont
différentes avec les intérimaires. Même si ceux qui restent d'un
chantier à l'autre sont des ouvriers qui montrent "qu'ils ont
envie de travailler",
les relations sont empreintes d'une confiance limitée qui se
traduit concrètement par un suivi de leur travail, "on est
obligé de veiller". L'impression est "qu'on
travaille mieux avec les ouvriers [de Spie]", "on
a plus confiance et l'on travaille plus en sécurité". Lors
de la pose des garde-corps, "on sait que c'est bien fait avec
un ouvrier [de Spie]". Le discours est identique pour
l'élévation d'échafaudage où un compagnon précise qu'il préfère
vérifier systématiquement la stabilité de l'édifice et si les
barres de rigidité ont été correctement posées avant de s'engager
dessus.
L'appréciation
du chef d'équipe horizontaux
Ce chef d'équipe attend que l'ensemble des
entreprises appliquent les 35 heures car pour le moment cela
représente beaucoup de problèmes pour l'entreprise, en particulier un turn-over plus important chez les
ouvriers depuis la signature de l'accord en raison de la
rémunération des heures supplémentaires chez certaines entreprises
concurrentes. Ces mesures viennent à un
moment de plein emploi dans la région qui se traduit par un déficit
important de personnels expérimentés. Certaines entreprises
n'hésitent pas à proposer des salaires élevés aux ouvriers pour
les débaucher. Le chef d'équipe se retrouve donc suivant les
chantiers avec une proportion plus ou moins importante
d'intérimaires. Sur ce chantier la proportion est inférieure à 40
%, mais elle a pu monter jusqu'à plus de 70 % sur un précédent
chantier. Le chef d'équipe indique qu'il modifie son
management de son équipe en fonction de cette proportion.
Concernant le rythme de travail, le chef d'équipe
considère que le chantier "ne peut pas faire en 35 heures ce qui
ce fait en 39 heures ou alors on le fait mal". La solution
proposée serait d'affecter au moins un compagnons de plus à
l'équipe. Mais cette proposition ne correspond pas à la logique
développée par l'entreprise qui prend en considération
l'augmentation du coût de la main d'œuvre avec une recherche
permanente de solutions pour limiter son impact sur la rentabilité de
chaque opération.
On constate que chaque acteur de
l'entreprise possède une représentation de son travail et du
fonctionnement de l'entreprises ; à l'occasion de la mise en place de
l'ARTT, l'entreprise n'a pas mis en œuvre de politique spécifique de
réflexion et de communication pour atténuer les effets des mesures
prises. Il s'en suit que chaque acteur entretient ses représentations
suivant une logique qui lui est propre sans qu'il ait une connaissance
suffisante des logiques des autres acteurs. Une forme de statut quo
alors que la recherche de performance passe nécessairement par une
dynamique des relations entre les acteurs de l'entreprise.
Dans le travail quotidien, le chef d'équipe a
indiqué qu'à plusieurs reprises il a été dans l'obligation d'aller
"rafler" tous les compagnons disponibles du chantier
pour que la préparation des planchers soit prête avant la date de
coulage envisagée. Travailler avec des sous-traitants pour le
coulage des planchers engage l'entreprise à respecter des délais
précis. L'addition des dysfonctionnements, même si ils
sont de faible portée, conduit finalement à une compression du temps
qui se traduit par la mobilisation de l'ensemble du personnel
disponible pour achever la préparation des installations, et d'autres
intervenants comme l'électricien ou le plombier à qui le chef
de chantier a demandé de renforcer leurs équipes.
La gestion des horaires décalés et la préparation du travail quotidien sont à
l'origine de fatigues supplémentaires qui se répercutent après le
travail jusque dans la vie familiale du chef d'équipe, tensions qui affectent ses
relations avec les membres de sa famille. Pour éviter ces situations,
sa préférence serait de faire quotidiennement sept heures, mais cela
ne lui semble pas réaliste compte tenu de la qualification des
ouvriers affectés à son équipe. La réduction du temps de travail
de cet acteur passerait par une meilleure répartition des
qualifications au sein des équipes pour que certaines tâches soient effectuées avec plus d'autonomie par certains ouvriers.
en
guise de synthèse …
En synthétisant succinctement les propos
recueillis auprès de ces différents acteurs, l'ARTT provoquerait
bien des effets sur la chaîne d'acteurs du chantier de gros
œuvre: une anticipation du travail et une délégation plus importante. Les causes objectives seraient, d'une part, la
réaction des ouvriers face aux modalités envisagées par la
modulation, d'autre part, par la recherche de productivité
consécutive au surcoût de la main d'œuvre qui provoque
quotidiennement des phénomènes d'intensification du travail.
|