PERFORMANCE
DU CHANTIER, LOGISTIQUE, ENCADREMENT
Thèmes et
événements
Les thèmes
définis au moment du protocole d'expérimentation
Les
événements au cours du déroulement du chantier
La Rex de Launaguet correspond au deuxième
chantier expérimental parmi les cinq envisagés par Spie Batignolles
au moment de la consultation du Puca. Le thème initial concernait
deux chantiers, un chantier de réhabilitation et un chantier de
construction de logements neufs. Il portait sur le réalisme et les
effets d'un temps de travail de quatre jours.
Sa mise en œuvre sur le chantier de réhabilitation
a permis notamment de souligner l'incidence négative sur la conduite
de projet, la performance du chantier et sur l'activité du conducteur
de travaux quand l'organisation résultante de ce temps de travail
rentre en contradiction avec les modalités ARTT des entreprises
participantes.
Ce thème devait également être mis en œuvre sur
le chantier de Launaguet. Néanmoins, après différentes simulations
du service Méthodes, ce temps de travail s'est avéré provoquer une
altération conséquente de la performance du chantier dans sa phase
de gros œuvre. Il a donc été aménagé au profit d'une organisation
sur cinq jours avec un décalage des équipes de production. Les
raisons de cet abandon et les effets de la nouvelle organisation
constituent une partie importante de cette étude. Une autre est plus
particulièrement consacrée à la performance des entreprises de
corps d'état au travers de leur logistique et de l'éventualité d'un
transfert de tâches entre certains corps de métiers.
Les
thèmes définis au moment du protocole d'expérimentation
Lors de l'élaboration du protocole
d'expérimentation de cette opération, il a été défini trois axes
d'études. Le premier repose sur des mesures susceptibles d'améliorer
la performance du projet ainsi que l'efficience de l'ensemble des
acteurs de la production grâce notamment à une organisation
spécifique du gros œuvre proposée par le service Méthodes. Elle
représente une innovation dans l'organisation de l'entreprise
générale. Le deuxième tente d'intégrer les questions relatives à
la logistique sur le chantier ainsi qu'aux conditions relatives à sa
pratique de l'ensemble des acteurs de la production ce qui serait
susceptible de générer une performance propre au chantier mais aussi
d'acteurs extérieurs à celui-ci comme les fournisseurs et les
industriels. Le troisième axe, qui est commun à l'ensemble des
chantiers expérimentaux de Spie, repose sur l'étude de l'activité
et des conditions de travail des conducteurs de travaux dans le but
d'infléchir, à terme, leur temps de travail et d'améliorer leurs
conditions de travail.
Comme toutes les Rex du dossier Spie Batignolles, l’expérimentation
a été suivie par un Groupe de Pilotage Régional réunissant le
Maître d’ouvrage, le Maître d'oeuvre, au sein de l'entreprise
générale, le service commercial, qui assurait la coordination du
groupe, le responsable des Méthodes, le délégué Qualité
Sécurité, le conducteur des travaux, un représentant du
département Recherche et Développement du groupe Spie, enfin,
l'ergonome en charge du suivi et de l'évaluation de la REX.
Axe 1
- Performance de l'organisation du chantier
La logique du dossier Spie est la recherche d'une
performance du projet grâce à des actions sur différents composants
de son organisation. C'est ainsi que pour ce chantier expérimental,
le groupe de pilotage régional a décidé d'intervenir sur les champs
suivants :
Le dossier initial élaboré lors de la
consultation du Puca qu'il soit appliqué à ce chantier un temps de
travail hebdomadaire sur quatre jours identique à un chantier de
réhabilitation, ceci dans le but de dresser des comparaisons sur les
méthodes de recherche de performances et sur l'évaluation des effets
produits sur les conditions de travail et de vie des personnels. Ce
thème a été remanié après que le service méthode ait argumenté
sur l'impact d'un pareil temps de travail sur l'équilibre économique
du projet. Nous présentons dans ce rapport les raisons qui ont été
avancées et les différentes simulations qui ont été réalisées.
Le principe recherché par l'entreprise est
d'atteindre une variation "nulle" des compteurs individuels
des ouvriers SCO pour la durée de production du gros oeuvre. Pour
cela, le service Méthodes prévoit de faire varier le temps de
travail pour une partie des ouvriers entre les bornes extrêmes de 6
à 9 heures en fonction de la phase du chantier.
En effet, une partie du personnel, environ cinq
personnes sur un effectif prévisionnel d'une vingtaine de personnes,
assiste aux trois phases du chantier (installation et fondations,
production des niveaux, finitions). Un temps de travail de 9 heures
serait pratiqué lors de l'installation, puis un temps de travail de 7
heures pendant le cycle, enfin un temps de 6 heures lors de la
dernière phase du chantier.
Malgré les durées brèves qui caractérisent
chacune des phases du chantier, l'évaluation s'est attachée à
comprendre dans quelle mesure cette variation du temps de travail
provoque des effets sur l'activité individuelle et collective en
particulier sur la fatigue et la récupération mais aussi en
dehors du travail, en particulier sur le rythme et la vie familiale.
Pour les ouvriers intervenants essentiellement au
moment de l'élévation des niveaux lorsque le travail est cyclé,
le service Méthodes prévoit que le temps de travail quotidien de 7
heures, avec un décalage entre les équipes d’une heure. Cette
organisation semble, suivant les simulations réalisées par le
service Méthodes, celle qui permet le délai du gros œuvre le plus
court. Au cours de l'évaluation, il a été recherché les effets de
cette organisation, d'une part, sur les collectifs de travail, en
particulier s'il apparaît des répartitions de tâches qui diffèrent
des pratiques habituelles pour ce type de chantier, d'autre part,
entre les collectifs de travail pour déterminer si les circuits
informationnels restent identiques, en particulier pour la
répartition de la grue entre les équipes.
L'objectif annoncé par le service Méthodes est de
parvenir à faire réaliser en 7 heures une charge de travail qui est
réalisée habituellement en 8 heures sans que les temps morts ou les
temps de pauses ne soient réduits ou supprimés. Cet objectif repose
en principe sur une préparation minutieuse du chantier afin de
fiabiliser des flux de matériaux et réduire les dysfonctionnements
pendant le chantier. Sans précision au moment de la rédaction du
protocole d'expérimentation sur les méthodes, les moyens et les
procédures qui seront mis en œuvre pour atteindre cet objectif, il
est seulement possible de s'interroger sur les effets du management
des ouvriers et sur d’éventuels phénomènes d'intensification du
travail. Pour cela, il est envisagé le suivi des heures
supplémentaires de l'ensemble du personnel présent sur le chantier
pendant le gros œuvre, cet indicateur pouvant éventuellement
complété par la détermination de la charge de travail quotidienne
réelle des différentes équipes.
Le groupe de travail régional a retenu le principe
pour que les chefs d'équipe participent à la préparation du
chantier. Cette action représente une forme de délégation entre les
niveaux hiérarchiques du chantier. Elle vise à développer la
responsabilité et l'autonomie des chefs d'équipes au travers d'une
connaissance approfondie du projet. Il est attendu par l'entreprise
une anticipation plus forte au moment du chantier, éventuellement une
réduction de la charge de travail du conducteur de travaux et du chef
de chantier.
Afin de comprendre si cette répartition
spécifique entre les prestataires du gros œuvre représente une
source de performance intéressante, un groupe de travail réunissant
les deux principaux corps d'état technique du gros œuvre, c'est-à-dire
les lots électricité et chauffage.
Il est envisagé que le conducteur porte une
attention particulière au cours de la préparation du chantier aux
entreprises sous-traitantes qui ont déjà élaboré un accord ARTT.
Sa réflexion devrait déterminer si l'organisation du chantier peut
intégrer les particularités des modalités d'application des
entreprises. En effet, il n'est pas impossible que le temps de travail
quotidien ou hebdomadaire du chantier diffère des modalités signées
par les entreprises. De même, un temps de travail unique décidé par
l'entreprise générale peut générer des heures supplémentaires qui
sont susceptibles d'altérer la rentabilité de la prestation des
entreprises corps d'état. Par ailleurs, les conditions de
l'annualisation peuvent générer la prise de journée ARTT pendant la
durée du chantier ce qui est susceptible de provoquer des
dysfonctionnements et une perte de performance.
Dans ces conditions, une réflexion préalable
s'attachera à recenser l'ensemble des modalités et à s'assurer que
l'organisation proposée puisse les intégrer sans pour autant perdre
en efficacité. Ce thème s'intègre dans une problématique plus
large à savoir si les organisations actuelles de chantier sont
susceptibles de gérer efficacement une complexité supplémentaire
par l'intégration des particularités de chaque entreprise.
Axe
2 : La logistique des entreprises du second œuvre
Ce thème poursuit une première phase menée au
cours du chantier expérimental de l'Oratoire avec les principales
entreprises sous-traitantes (électricien, plombier chauffagiste,
menuiseries extérieures). Il s'inscrit, comme les précédents, dans
une logique de recherche de performance. Le principe de ce thème suit
deux logiques complémentaires :
-
intégrer les conditions de la logistique et
des conditions de travail à l'organisation du chantier.
(Recherche de moyens communs à l'ensemble des acteurs -
Définition d'une politique d'approvisionnement du chantier et des
bâtiments au cours de leur réalisation - Réduction de la
pénibilité des manutentions et de pose des matériaux),
-
l'amélioration des produits (matériaux et
matériels) et des prestations des fournisseurs et des
industriels.
Il est envisagé qu'une première phase repose sur
la diffusion d'un questionnaire commun aux différentes entreprises
prestataires. Suivant la motivation et la mobilisation des
entreprises, un groupe de travail pourrait se former autour des
thèmes de travail afin de développer et d'appliquer à leur
prestation une méthodologie de travail.
Axe
3 : L'activité du conducteur de travaux
Ce thème est commun à l'ensemble des chantiers
expérimentaux de Spie concernés par le dossier sur l'ARTT.
L'ensemble des observations devrait fournir une diversité de
situation propice à l'évolution de la mission du conducteur et
permettre ainsi à terme d'infléchir, à la baisse, son temps de
travail et améliorer ses conditions de travail. Les hypothèses de
travail et la méthodologie employées lors du premier chantier du
dossier Spie Batignolles considéré comme pilote seront reconduites
après adaptation des outils et des procédures.
Elles concernent deux axes complémentaires :
La détermination et le suivi de la variation du
temps global et du temps effectif de travail.
La répartition des temps bruts quotidiens par
actions et par projet.
Les stratégies de gestion du temps aux
différents moments du projet avec notamment l’influence des
interruptions, des imprévus et l’influence des déplacements.
L’influence de la gestion simultanée de
plusieurs projets.
L’illustration du travail et hors travail.
Avec l'accord du conducteur, il est envisagé
plusieurs périodes d'observations d'une semaine pendant la totalité
de la durée du chantier. Celles-ci seront validées par le CT en
fonction des situations caractéristiques de son activité aux
différentes périodes du chantier. Les observations sont complétées
par plusieurs entretiens individuels afin de compléter les données
mais aussi pour détailler la mission du conducteur et son évolution
dans le temps.
Les
événements au cours du déroulement du chantier
Le
projet de Launaguet
La commune de Launaguet est située au nord-est de
Toulouse. Elle poursuit son développement par l’aménagement de la
ZAC des Noyers à proximité de son centre. Cette ZAC privée
accueillera à terme des logements collectifs et individuels en
majorité privés. Le maître d'ouvrage de l'opération expérimentale
la Cité Jardins est le seul maître d’ouvrage à proposer des
logements sociaux.
Le projet comprend 33 logements du T2 au T5
répartis sur quatre cages d’escaliers. Il développe une shon de
2.596 m², une shob de 2.967 m² et une sha de 2.229 m² sur trois
niveaux (R+2). Les parkings, un par logement, sont extérieurs.
Les travaux couvrent une période de douze mois
d'avril 2000 à mars 2001 avec une préparation qui dure deux mois et
dix mois de production. Le délai contractuel a été respecté par
les différents intervenants.
La
phase de consultation et de préparation
A la demande de l'entreprise générale, le maître
d'ouvrage a accepté de décaler la date de commencement des travaux
de deux mois en raison du manque de disponibilité en personnel
qualifié pour assurer les travaux avec le niveau de qualité
attendue. Le début du chantier aurait débuté avec un fort
pourcentage de personnel intérimaire ce qui comportait un risque
appréciable pour la qualité. De ce fait, la préparation a profité
d'un délai plus important ce qui explique en partie la qualité de la
coordination tout au long du chantier reconnue de façon unanime par
l'ensemble des acteurs du projet. Le délai contractuel a été
respecté ce qui a été souligné par nos interlocuteurs comme un
fait remarquable dans la région pendant une période de pleine charge
de travail.
Par contre, il n'a pas été fait mention au moment
de la consultation des entreprises du caractère expérimental de
l'opération. La raison repose sur la crainte qu'une partie importante
des entreprises ne fournissent pas de devis ou alors d'un montant peu
compatible avec l'équilibre financière de l'opération dont le
budget était limité.
Les thèmes de la Rex ont été présentés
officiellement à l'ensemble des entreprises au cours d'une réunion
au cours de laquelle il fut procédé à la signature des marchés en
présence de la directrice de la Cité Jardin. La contribution
limitée des entreprises a conduit à quelques aménagements
méthodologiques de certains thèmes en particulier celui consacré à
la logistique de chantier. En remplacement d'une analyse détaillée
de l'activité future probable en particulier des conditions de la
manutention, il fut préféré la diffusion à l'ensemble des
entreprises corps d'état d'un questionnaire sur ces questions.
Le
chantier dans sa phase gros oeuvre
Le planning définit au moment de la préparation a
été respecté. Le chantier a été installé à la fin du mois de
mai avec un début des travaux effectif au début du mois de juin.
L'effectif moyen a été de treize ouvriers et de quatre intérimaires
ces derniers ont déjà travaillé pour l'entreprise générale sur
quelques chantiers précédents. Par la suite, la proportion des
intérimaires a évolué pour atteindre certaines semaines la moitié
de l'effectif du chantier. Le chef de chantier prenait ses fonctions
officiellement sur ce chantier et le chef d'équipe des verticaux
venait d'être embauché dans l'entreprise. Ces nominations ont
entraîné un suivi plus attentif du conducteur en début de chantier.
L'installation du chantier a donné l'occasion de
constater qu'un autre chantier de logements neufs débutait sur le
terrain mitoyen sans que personne dans l'entreprise ou chez le maître
d'ouvrage en ait été averti au préalable. Ce manque d'information a
provoqué l'obligation d'un accord pour que la sécurité des grues
soit assurée. Cette mesure s'est traduite par des frais
supplémentaires pour que les deux grues soient équipées d'un
boîtier limitant les manœuvres dans la zone d'interférence entre
les grues. Par la suite, ce chantier entraîné quelques problèmes de
voisinage lorsque notamment un de leur poteau d'alimentation
électrique risquait de tomber sur l'alimentation du chantier
expérimental sans que le chantier prenne de disposition particulière
pendant plus de deux semaines.
Pendant le mois de juin, les intensités des pluies
dans la région ont nécessité le recours à des pompes afin
d'assainir le terrain. La réaction immédiate du chef de chantier lui
a permis d'obtenir facilement une pompe avant que les entreprises de
location ne puissent répondre à la demande régionale, ce qui a
provoqué la fermeture de plusieurs chantiers pendant plusieurs jours.
Un autre événement climatique fut à l'origine d'un décalage par
rapport au planning. En effet, le vent parfois violent dans cette
région a empêché pendant quatre jours successifs le démontage de
la grue. Sinon, le chantier a pris au moins un jour de retard en
raison de la livraison tardive des banches. Ce retard peut être
imputé à un regroupement des bases du service Matériel avec un
regroupement à Nantes de l'entreprise.
Après une présence quotidienne au moment du
lancement du chantier, ce qui lui occasionnait un temps de
déplacement important, le conducteur de travaux a réparti
différemment sa présence entre les deux chantiers dont il avait la
charge en raison de plusieurs difficultés de coordination qui sont
progressivement apparues sur l'autre chantier. Sensiblement, son temps
de présence peut être estimé à un jour à un jour et demi sur ce
chantier. Cet équilibre a été possible grâce aux compétences du
chef de chantier et de ses équipes, de l'assistance d'un conducteur
de travaux stagiaire, étudiant d'une école d'ingénieurs. De ce
fait, il est possible de considérer que ce chantier a fonctionné
avec une délégation forte entre le conducteur et le chef de
chantier. Dans le cas présent, ce bénéfice peut être imputée à
la confiance entre ces deux acteurs. Néanmoins, malgré les moyens de
communication, le chef de chantier a souligné qu'il était
préférable que certains problèmes puissent être partagés au cours
de réunions plutôt que par téléphone.
Les maçons sous-traitants pour le montage des murs
en parpaing furent à l'origine de retards réguliers qui ont
contraint à plusieurs reprises d'ajuster la date de coulage des
planchers. Ce retard est expliqué par le manque d'un effectif stable,
les ouvriers pouvant être affectés sur d'autres chantiers de
l'entreprise en cours en fonction de l'urgence des retards accumulés.
Mais, il est également possible de souligner que l'encadrement de
cette entreprise ait sous estimé le temps de réalisation de certains
détails techniques du bâtiment, notamment lorsque les murs ne se
rencontrent pas perpendiculairement.
Ce phénomène a conduit l'équipe des horizontaux
à assister les maçons notamment en leur posant les équipements de
sécurité et en nettoyant les lieux de travail. Cette assistance,
spontanée, s'est faite en temps masqué ce qui a conduit à des
écarts de temps de réalisation qui ont surpris le service Méthodes
par leur importance, plus de 15% au lieu des 3 à 5 % habituels.
Après l'étude de ce phénomène, le responsable Méthodes a décidé
de réduire la quantité quotidienne de travail des maçons sous
traitants sur les prochains chantiers.
En raison de l'expérience de l'année
précédente, l'entreprise générale a pris la décision de fermer la
plupart de ces chantiers pendant le mois d'août pour une période de
deux à trois semaines. En effet, les chantiers ont fonctionné
l'année précédente avec une proportion très importante
d'intérimaires, plus de cinquante pour cent, ce qui a conduit à un
manque de performance évident en raison du nombre de reprises et de
réserves.
De même, cette coupure estivale dans la
configuration de ce chantier a permis dans un premier temps de fixer
plus aisément des objectifs aux ouvriers du gros œuvre, comme mettre
le chantier hors d'eau avant la fermeture du chantier. Cet objectif a
donné un argument au chef de chantier qui lui a permis d'éviter le
relâchement des ouvriers au cours des semaines précédents leurs
congés.
Par contre, la reprise "s'est faite
lentement" car une partie du personnel de l'entreprise
générale a pu profiter de quelques jours de congé en raison d'une
récupération d'heures ARTT liée au chantier précédent. En effet,
certains ouvriers ont enchaîné directement sur le chantier de
Launaguet sans qu'ils leur soient possibles de mettre leurs compteurs
à zéro comme c'est maintenant l'usage dans l'entreprise.
En raison de la marge économique limitée de ce
projet, la direction régionale a demandé au début du chantier une
modification du BIPO élaborée par le conducteur de travaux.
Plusieurs postes, qui servent habituellement de réserves au
conducteur en cas d'aléas ou de sous-estimations de certaines
prestations furent réduites ou supprimées, ce qui a conduit le
conducteur à se sentir sans marge de manœuvre en cas de problèmes
imprévus à résoudre. De même, cette opération a demandé un temps
de réunion et de saisie important inattendu dans l'activité du
conducteur de travaux.
Au sein de l'entreprise générale, ce remaniement
illustre la diversité des logiques, des informations et des outils
des acteurs successifs depuis la phase commerciale, les études, les
méthodes et la production auxquels il est nécessaire de rajouter les
stratégies gestionnaires des directions régionales par rapport à la
direction centrale. Or, il apparaît que ces logiques ne sont pas
forcément parfaitement complémentaires, qu'elles suscitent des
stratégies défensives, où la "dissimulation" de certaines
données exactes aux autres acteurs peut être un des moyens, et dont
on peut trouver la trace dans les représentations et les formes de
communication que ces acteurs ont entre eux. Dans une logique de
recherche de performance et d'efficience comme alternative aux
surcoûts engendrés par l'ARTT, une mise en cohérence de ces acteurs
et de leur outils représente une piste sérieuse de réflexion.
Le
chantier dans sa phase second œuvre
Comme pour la phase de gros œuvre, le planning
initial a été tenu et le délai contractuel respecté . Le chantier
a été considéré par le maître d'ouvrage et le maître d'œuvre
comme étant correctement coordonnées, ce qui a autorisé en
particulier le représentant du maître d'ouvrage de ne plus assister
à l'ensemble des réunions de chantier pour se consacrer, en
confiance, à d'autres chantiers.
L'excellence de la coordination a été également
soulignée par les conducteurs de travaux des principales entreprises
de corps d'état qui ont remarqué la qualité de ce chantier par
rapport à ceux qu'ils rencontrent habituellement.
Pour assurer leurs prestations, certaines
entreprises ont faits appel à des artisans avec un contrat de la
durée du chantier. Cette pratique leur permet de garantir la qualité
et le délai de leurs prestations, ce personnel venant en complément
de personnel dont le contrat est à durée indéterminée. Suivant nos
différents interlocuteurs, il apparaît que ce phénomène devrait se
développer avec l'application de la loi Aubry aux entreprises de
moins de vingt salariés.
Pour des raisons pratiques, nous avons organisé
les enseignements de ce chantier expérimental en regroupant les
thèmes de travail suivant les phases du chantier et les acteurs
concernés.
C'est ainsi qu'un premier chapitre est plus
spécialement consacré au gros œuvre et à l'entreprise générale
avec notamment les raisons à l'origine de l'abandon du temps de
travail de quatre jours, suivi de l'appréciation de l'organisation
mise en œuvre. Dans un autre chapitre sont présentés les
enseignements relatifs au second œuvre et aux entreprises de corps d'état.
Nous terminerons enfin en consacrant un chapitre aux enseignements
tirés de l'observation de l'activité du conducteur de travaux.
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